L’adoption le 23 décembre par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution condamnant la colonisation constitue une défaite diplomatique majeure pour Israël, dans la mesure où les États-Unis n’y ont pas mis leur veto.
“Avec l’aide du gouvernement Trump, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou se prépare à attaquer l’Unrwa [Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient], la représentation palestinienne aux Nations unies ainsi que les employés de l’ONU hostiles à Israël tout en menaçant de couper le financement accordé aux agences onusiennes”, relate Yediot Ahoronot.
Dans une allocution retransmise le 24 décembre au soir par toutes les radios et les télévisions généralistes, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a détaillé une attaque en règle contre le Conseil de sécurité, qui a adopté, vendredi 23 décembre au soir, la résolution 2334 exhortant Israël “à stopper immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est”.
Le vote de ce texte par les 14 autres pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies a été rendu possible en raison de l’abstention des États-Unis, selon l’ordre donné par le président américain sortant, Barack Obama, trois semaines avant la fin de son second mandat.
“Israël espère que le gouvernement Trump pourra l’aider à contre-attaquer, les États-Unis ayant leurs propres moyens de pression, dans la mesure où ils participent au financement du budget de l’ONU à hauteur de 22,4 %”, poursuit le quotidien israélien.
Comme mesures de rétorsion, Nétanyahou a confirmé pour sa part que son pays gèlera ses versements annuels, soit près de 7,5 millions d’euros, à cinq institutions des Nations unies considérées comme “anti-israéliennes”. La Ville de Jérusalem a annoncé, dimanche 25 décembre, avoir l’intention de relancer la colonisation en délivrant des centaines de permis de construire à Jérusalem-Est.
“Obama a voulu envoyer un message à Israël pour lui dire : ‘Ça suffit !’ Il va quitter la Maison-Blanche sans peut-être avoir pu justifier le Nobel de la paix qui lui a été attribué [en 2009], mais peu importe ce que fera Trump, cette résolution ne pourra pas être annulée”, souligne Orly Azoulay dans un éditorial.
Le président américain sortant, “est convaincu qu’il agit ainsi pour le bien d’Israël. Pendant des mois il a essayé de raisonner Nétanyahou, en public et dans des conversations privées, et de l’avertir que le temps passait et que s’il ne faisait pas un geste allant dans le sens de la ‘solution à deux États’, Israël ne pourrait pas se maintenir comme un État juif et démocratique”, rappelle Yediot Ahoronot.
Toujours est-il que, pour le moment, cette résolution existe et les États-Unis auront un nouveau président le 20 janvier. Quelle sera la prochaine étape ? “Trump doit encore préciser sa politique étrangère, et pas seulement concernant le Moyen-Orient. Il a promis que dès qu’il prendrait ses fonctions les choses seraient différentes avec les Nations unies. Mais de quelle manière ? Il pourra nous surprendre encore, comme ce fut le cas tout au long de sa campagne. Il a en effet déjà déclaré qu’il serait neutre s’agissant du conflit israélo-palestinien, avant de faire volte-face quelques jours plus tard et d’annoncer qu’il était à cent pour cent aux côtés d’Israël.”
Du côté palestinien, cette résolution est accueillie comme “une décision historique”, souligne l’éditorialiste d’Al-Ayyam, avant de rappeler que les Nations unies ont déjà adopté par le passé, notamment en 1979, des textes affirmant l’illégalité des colonies et soulignant que la communauté internationale ne reconnaît pas les colonies établies de fait dans les Territoires occupés depuis juin 1967.
“Cela n’avait pas empêché Israël de poursuivre sa politique de judaïsation de Jérusalem et de colonisation, avec son lot de destruction de maisons palestiniennes et de confiscation de terres. Alors en quoi diffère la dernière résolution ?” se demande l’éditorialiste d’Al-Ayyam.
En effet, si elle ne peut être annulée, la résolution onusienne votée le 23 décembre n’a toutefois qu’une valeur symbolique. C’est une déclaration réitérant le consensus international sur l’hostilité à la colonisation sans pour autant prévoir de sanctions.
Avec courrierinternational.com