Dans cet entretien qu’elle a accordé à «L’AS»,Fatou Sow Sarr fait une analyse fine et dépouillée du rejet de la parité, la genèse de la montée de la violence dans le pays et se prononce sur la traque des biens mal acquis et ses résultats et aussi sur la parité.
Me El hadj Diouf a le droit de s’opposer à la parité. Il n’est d’ailleurs pas le seul. Des femmes dans l’espace politique et la société civile s’étaient ouvertement prononcées contre la parité. Je pense qu’elles ont révisé leur position, car je ne les entends plus pourfendre la loi. En vérité comme dans toute innovation, il y a des résistances. En sociologie, on parle de majorité sociale tardive : c’était le cas quand le Président Senghor a voulu introduire le gaz pour la cuisson. Beaucoup de personnes s’y étaient opposées, prétextant que le Tiebou dieun ne peut se faire qu’au feu de bois et au charbon.
Aujourd’hui, dites-moi quelle sénégalaise souhaiterait retourner au feu de bois, lorsqu’elle peut accéder au gaz ? Les détracteurs de la loi sur la parité finiront par se rendre à l’évidence, qu’il s’agit d’une avancée sociale majeure. On ne peut pas aller dans le sens contraire de l’histoire, sous peine d’être balayé par le vent. Maintenant que les passions se sont tues nous pouvons en débattre avec plus de sérénité.
La parité a été appliquée aux élections de 2012 et 2014 et la terre ne s’est pas dérobée sous nos pieds. Nous devons tous soutenir cette avancée démocratique, car c’en est une. Notre pays a ouvert la voie au reste du monde, malheureusement la politisation de la question a fait qu’on n’a pas compris à temps la formidable opportunité diplomatique qui s’offrait à nous. Grâce à la parité, le Sénégal a connu un rayonnement exceptionnel, et fasciné des pays qui veulent copier son modèle.
En ce qui concerne les questions relatives à la traque des biens mal acquis
Comme beaucoup de Sénégalais, je ne suis pas convaincue que la condamnation de Karim était juste. Lorsque la traque se réduit à une personne c’est suspect. Cela dit, il faut nécessairement mettre fin à la dilapidation de nos ressources mais il faudrait que la loi s’applique à toute personne fautive, sans calcul politique.