Ce jeune leader dénommé ambassadeur de la jeunesse propose, Amadou Guèye, analyse et interpelle directement le chef de l’État et le Premier Ministre Ousmane Sonko, sur l’emploi des jeunes et les limites du programmes xeyu Ndaw Ni qui tire à sa fin
Amadou Gueye, juriste, cadre à l’AGETIP et président du mouvement Yitté Sénégal, continue de se démarquer par son engagement envers les jeunes en quête d’emploi. Fort de son expérience en tant que coordonnateur d’un programme ayant impacté plus de 2 000 jeunes depuis trois ans, il a lancé ce samedi 14 décembre 2024 une deuxième session de formation gratuite au complexe culturel Léopold Sédar Senghor de Pikine. Cette initiative, qui concerne 400 jeunes en pavage et topographie, s’inscrit dans une dynamique d’autonomisation et d’employabilité.
Depuis le 14 octobre 2024, la première session a permis de former 800 jeunes en pavage, dont 400 insérés en usine, 200 en topographie, 150 en technique de vente et 300 en sécurité routière. Pourtant, malgré ces efforts et les programmes étatiques comme XËYU NDAW ÑI, le chômage des jeunes reste une épine dans le pied de la nation.
Lancé en avril 2021 sous l’impulsion du Président Macky Sall, le programme Xëyu Ndaw Ñi avait pour ambition de répondre de manière urgente aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi et de soutien à l’entrepreneuriat. Bien que l’initiative ait bénéficié d’une enveloppe budgétaire de 450 milliards de francs CFA, Amadou Gueye estime que l’approche reste inadéquate et inefficace pour résoudre durablement le chômage.
« Le concept du programme Xëyu Ndaw Ñi n’est pas fondamentalement mauvais. J’en sais quelque chose, ayant coordonné un programme pour 2 000 jeunes depuis trois ans. Cependant, il déplace le problème d’une année à une autre, sans apporter de solution structurelle. La preuve : si l’actuel régime arrête ce programme, nous aurons immédiatement 60 000 nouveaux chômeurs, » affirme-t-il.
«Aujourd’hui, beaucoup de porteurs de programmes d’emploi pour les jeunes séduisent l’État-bailleur à travers le concept de HIMO (haute intensité de main-d’œuvre), dont le Bureau international du travail (BIT) est le précurseur. La HIMO est une bonne approche pour l’emploi massif des jeunes, mais, si elle n’est pas contextualisée, elle n’impacte que dans son amorce avec des effets éphémères», poursuit ce juriste de formation qui se veut ambassadeur de la jeunesse.
Amadou Gueye critique également le ciblage et les critères de recrutement. Selon lui, la tranche d’âge retenue, 18-40 ans, est trop large et dilue l’impact du programme. Par ailleurs, il dénonce la précarité des emplois créés, liée à une absence de contrats stables, ainsi que le fardeau budgétaire qu’il représente pour l’État. Il considère que ces programmes ne sont pas soutenables.
Revenant sur le modèle de recrutement dans ce type de programmes, Amadou Gueye souligne qu’il « faut démocratiser le mode de recrutement. Bannir le clientélisme et la discrimination (sauf peut-être celle dite positive à l’égard des femmes, PPR). D’ailleurs, ce combat entre en droite ligne avec la vision éclairée du nouveau ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions, monsieur Abass Fall, qui ne compte pas faire moins que son prédécesseur Yankoba Dieme. Ce dernier a entamé le chantier d’un nouveau Code du travail plus protecteur à l’égard des travailleurs. Après 8 mois passés à ce ministère, il considère que seul un nouveau code plus adapté à nos réalités permettra d’assurer la souveraineté, le plein emploi avec du travail décent. Ce qui est juste,car, au-delà de la justice judiciaire, le régime actuel prône aussi une justice sociale, gage de prospérité».
Convaincu qu’il est temps de « briser les codes » et de changer de paradigme, Amadou Gueye propose un modèle de lutte contre le chômage des jeunes plus élaboré, adapté et durable. Il prône une HIMO-ruralisée, une approche soutenable et des criteres plus pertinents et durables.
« Contrairement à Xëyu Ndaw Ñi, qui est un fardeau continu pour le budget de l’État, notre modèle ne nécessite qu’un appui initial et s’autonomise dès la deuxième année. Nous avons conçu un système intégrant à la fois la formation qualifiante, le recrutement objectif et l’autonomisation des jeunes. Il est économique et permet de toucher deux à quatre fois plus de jeunes avec le même budget, sinon moins, » explique-t-il.
Ce modèle, déjà testé par le mouvement Yitté Sénégal, prouve son efficacité grâce à des résultats concrets. Amadou Gueye invite le Président Dionmaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko à examiner cette approche novatrice, qui semble répondre aux attentes de la jeunesse sénégalaise.
La jeunesse, c’est beaucoup d’énergie à canaliser. Et cela requiert un savoir-faire, basé sur la modestie et le respect. Le lien ombilical liant le leader du PASTEF à cette jeunesse en est la parfaite illustration. Il faut être à fond avec elle, la comprendre avant de prétendre l’assister ou la tirer d’affaire. Une rupture à ce niveau est inévitable.
Amadou Gueye met en évidence la mauvaise gestion des fonds publics alloués à l’emploi des jeunes. Il estime que les 450 milliards du programme Xëyu Ndaw Ñi ont été mal utilisés, enrichissant tout autour au détriment de la jeunesse, laissée à la merci de la précarité . Il suggère que ces ressources auraient pu être mieux employées pour former et recruter un plus grand nombre de jeunes.
« Avec les trois milliards que l’État aurait récupérés chez l’ancien directeur de la LONASE et ministre Lat Diop, nous pourrions former 5 000 jeunes et recruter 1 500 d’entre eux avec un salaire garanti pendant deux ans. « La reddition des comptes peut devenir un levier pour financer l’emploi des jeunes, » argue-t-il.
Pour Amadou Gueye, la lutte contre le chômage des jeunes exige une rupture réelle, tant dans les modèles économiques que dans les approches politiques.
« Il est temps que le chef de l’État et le chef du gouvernement écoutent les acteurs de terrain. Nous avons un modèle ( programme Ndaw Dou Tok avec 2 volets impactants) qui peut réellement impacter le chômage des jeunes tout en allégeant le budget de l’État. Cette rupture doit se sentir dans toutes les politiques publiques, y compris dans celles touchant la jeunesse, » conclut-il.
Le président de Yitté Sénégal insiste sur la nécessité de solutions durables, adaptées aux réalités des jeunes. Alors que le chômage continue de freiner le potentiel de la jeunesse sénégalaise, des initiatives comme celles d’Amadou Gueye apportent un espoir concret pour un avenir meilleur. Voilà qui doit être accompagné par l’État afin de tirer plus de jeunes vers l’autonomie.
le programme Xëyu Ndaw Ñi était un deal
Le chômage des jeunes ne date pas depuis neuf mois. Laissez ce gouvernement élaborer tranquillement sa stratégie pour apporter des solutions adaptées et durables.
C’est vrai ce que Amadou Gueye a dit, il faut associer les hommes se terrain, ils ont leur mot à dire vu leur expérience et leur expertise en la matière. Le programme est une chose la matérialisation en est autre. Ce qui accentue le chômage des jeunes c’est l’ employabilité, il faut que les jeunes soient formés pour pouvoir prendre un emploi. Le financement est très important mais si tu n’es pas bien formé, le résultat sera vain. Le nouveau gouvernement est conscient de la situation, il fait partie des priorités.