Azoura, la farce tragique de l’histoire ! (Bacary Domingo MANE)

Karl Marx nous interpelle, à travers le cas Azoura, avec sa fameuse maxime qui affirme que l’histoire se répète deux fois : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. Mais dans le cas qui nous intéresse, la farce de l’histoire peut s’avérer plus tragique, plus dévastatrice et « plus terrifiante que la tragédie initiale[1]».


Il a gouverné dans le sang et les larmes, en faisant payer à sa jeunesse le prix fort.  Celle qui  a vécu la tragédie des tueurs à  gages, des nervis, des tortionnaires et autres malfaiteurs appelés en renfort, dans la période sombre de l’histoire politique du Sénégal, de 2021 à 2024. Le Prince lui a fait voir des vertes et pas mûres pour se maintenir au pouvoir et perpétuer un système prédateur et cupide.

Il n’y a plus de limite, les frontières de l’humain sont repoussées, la bête noire, l’animal des égouts, dicte la loi et transforme tout en feu. La ligne de démarcation entre le bien et le mal s’efface. C’est le règne de la terreur, de la pensée unique qui va jusqu’à faire un pied de nez à l’objection. Poser des questions ou s’interroger devient un crime de lèse-majesté.

Les profiteurs du système se taisent, pas par peur de représailles, mais par peur de perdre des privilèges indus. Dans leur habit de journalistes corrompus, de politiciens insatiables, d’«influenceurs» et de «chroniqueurs» à la petite semelle, ils se font l’avocat du diable, jonglant avec le mensonge et la mauvaise foi, croyant tenir la balle de match qui maintiendra à flot des comptes en banque remplis avec l’argent du contribuable.

Pendant ce temps, le peuple saigne ; il se bat contre le monstre aux tentacules insoupçonnés et résiste face à l’innommable, à l’indicible. Emprisonnements, tueries, tortures, humiliations etc sont le lot quotidien d’une population qui a voulu changer de mode de gouvernance. Mais le bourreau ne l’entend pas de cette oreille. Sa furie s’abat sur de jeunes innocents a qui il a tout refusé, jusqu’au droit de rêver. 

Les récits des prisonniers politiques sont glaçants. Des tortionnaires ont volé leur humanité, en transformant leur corps en objet, loque humaine, pour ne pas dire en «assemblage» de chair.  Certains sont émasculés, incapables de procréer, ad vitam aeternam. Ils ne goûteront pas au plaisir d’être père. Le Minotaure a brisé les chaînes et s’est emparé de ce qu’ils ont de plus précieux : la dignité.

Les plus «chanceux», trainent des séquelles à vie et ne «jouissent» pas des fruits de la victoire sur le monstre. Au nombre de combien ? Pour sûr, des milliers de jeunes continuent de souffrir en silence, loin des projecteurs des télévisions et des web tv. Azoura fait partie de ceux-là,  en dépit des apparences, car la souffrance ne fait pas de bruit. Il n’est plus lui-même, il n’est plus le même, il est tout simplement un autre ! Le verbe haut qui le caractérise cache un mal-être, masque un traumatisme qui devient le sceau ou l’empreinte de la folie du prince qui a cru que la force pouvait venir à bout de tout.

Cette jeunesse, en qui le feu de la révolte brûle toujours et qui a su prendre ses responsabilités, à un moment crucial, au prix de sa vie, est la preuve vivante que l’histoire se répète, la première fois, comme tragédie.

Les jeunes ont porté le « projet » et c’est comme s’ils sont aujourd’hui condamnés à répéter ce cycle sans fin de l’histoire. A l’épreuve du changement, ils  sont accueillis dans le ventre de la bête. Le vainqueur semble se soumettre à la loi du vaincu, au nom de la démocratie et du changement. Le système se nourrissant de subterfuges, il veut achever son œuvre : saper la morale des jeunes et les faire douter. Des hommes et des femmes, toujours tapis dans l’ombre de l’administration, reproduisent les mêmes comportements, en raison de la peur de changement ou de l’incertitude. Ils constituent une force d’inertie  pouvant retarder le déploiement du «projet », en générant des conflits.

Nous sommes dans le second temps de l’histoire, celui de la farce. C’est quand le bourreau exige le respect de la part de ses victimes, et veut produire le syndrome de Stockholm chez les jeunes sacrifiés sur l’autel de la boulimie du pouvoir et de la jouissance personnelle. La farce devient tragique lorsque les complices d’hier, s’érigent aujourd’hui en donneurs de leçon de démocratie. La farce se transforme en tragédie quand ceux qui se sont opposés au changement, par une violence inouïe, se font les chantres de la rupture. La farce devient tragique et insupportable quand les vaincus financent le désordre avec l’argent détourné et volé au contribuable. La farce se mue en tragédie, lorsque les ennemis du «projet», sont promus à des postes stratégiques, leur donnant ainsi les armes ou une seconde chance de combattre de l’intérieur ce qu’ils ont jadis présenté comme le monstre, parce que pouvant perturber leurs plans d’accaparement des deniers publics.

Lorsque les vaincus reprennent du poil de la bête, nous pouvons, alors, affirmer, avec certitude, que la farce de l’histoire peut s’avérer plus tragique, «plus terrifiante que la tragédie initiale[2]».

Bacay Domingo MANE (Mondeafrik.com)

15 thoughts on “Azoura, la farce tragique de l’histoire ! (Bacary Domingo MANE)

  1. Milk

    Ce texte est d’une nullité sidérante. Le vrai bourreau du peuple et de la jeunesse est cet individu qui a usé de toutes les manipulations et mensonges pour arriver au pouvoir.Aujourd’hui, il est incapable d’améliorer la vie des populations, au contraire c’est la descente aux enfers pour les masses populaires, et ce n’est que le début. La tragédie et la farce se déroulent actuellement sous nos yeux. Ce mec et son parti maléfique, le pastef, ont des complices parmi lesquels les pseudo intellectuels hypocrites et débiles du type de l’auteur de ce texte nauséabond. #Bouffon

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    Juste une suite logique M.MANE, nous allons malheureusement vivre ces mêmes situations jusqu’en 2029, peut-être que le Sénégal en ce moment là sera en lambeaux!

  3. Khasseur

    La phrase a retenir principalement de ce beau texte est: le vainqueur semble se soumettre à la loi du vaincu au nom de la démocratie et du changement. Voilà le vrai piège qui est en train de guetter le nouveau régime. Au nom d’une rupture ou de je ne sais quelle démocratie anarchique le nouveau régime est en train de se laisser vaciller par des gens qui aujourd’hui seraient normalement en prison en attendant un hypothétique procès. Si nous continuons dans ce laisser aller anarchique au nom d’une fausse rupture eh bien tout le mandat de cinq ans de Diomaye Faye se résumera à du PALABRES ET INVECTIVES. Il est temps d’assumer le pouvoir que le pouvoir vous a confié au prix du sang pour mériter sa confiance. Seul DIRIGISME D’ÉTAT qui conduit à un DIRIGISME ÉCONOMIQUE peut permettre au Sénégal de se mettre au travail et créér les conditions d’un développement endogène durable.

  4. Jules

    La farce devient tragique lorsqu’un journaliste jadis reconnu très professionnel se met à écrire des contres vérités trop flagrantes

  5. Canaa

    La bete n’est pas celle que tu crois. Celui qui a envoyé plus de 80 jeunes à l’abattoir et qu’aucun membre de sa famille ne soit un martyr. Celui qui perpétue en pire les pratiques décriées d’antant. Le peuple a faim et a soif et se rend compte qu’il a été lourdement trompé par votre faux « saint ». BDM un journaliste devrait plutôt défendre la démocratie dont la liberté de la presse est un des principaux piliers mais pas promouvoir les pratiques dictatoriales de votre gourou; dommage!

  6. MANDELA

    Très bonne analyse c’est la triste réalité, le pouvoir joue avec le feu ,il faut nettoyer les écuries d’Augias de l’administration ,si ce n’est pas fait ces gens de l’ancien régime une fois de retour au pouvoir vous tuerons tous même vos familles n’échapperont pas .Jouez avec le feu au nom de la démocratie .

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