« Il y a lieu de veiller sur Macky Sall jusqu’à la fin de son mandat », Lamine Gueye, « Xal Yon Niafe Dial »

Lamine Gueye, fondateur du mouvement politique citoyen « Xal Yon Niafe Dial », pêle-mêle, fait focus sur les enjeux de la Présidentielle de 2024. Avec en toile de fond, la dualité Macky Sall-Ousmane Sonko, les graves régressions démocratiques. Avec un œil de lynx, l’opérateur économique, démissionnaire du parti de la République des Valeurs, sur Senego, diagnostique la situation économique catastrophique, avant de décliner son programme, pour une candidature, dit-il, qui dépend des Sénégalais… Entretien 

Renoncement au 3e mandat ?
C’est une décision que j’apprécie à sa juste valeur. Car entre un Etat de droit et le non-respect de la parole donnée, il a préféré, au nom de la patrie choisi la parole donnée qui est ancrée dans nos valeurs culturelles. C’est donc une portée historique.

Mais je pense que cette décision ne suffit pas pour que je lui donne carte blanche sur le processus électoral où il y a beaucoup de choses à parfaire. L’opposition s’est trop appesantie sur le troisième mandat oubliant qu’il y a d’autres priorités, même si la question du parrainage a été plus ou moins réglée, ce jeudi 20 juillet, à l’Assemblée nationale. Il y a le problème du fichier, l’organisation d’élections libres et transparentes.

Il y a lieu de veiller sur le président Macky Sall jusqu’à la fin de son mandat. Le peuple ne doit pas dormir sur ses lauriers. Car dormir sur ses lauriers serait un précédent dangereux pour la démocratie.

Dualité Ousmane Sonko-Macky Sall…
Le problème du Sénégal ne doit pas être calqué sur une personne alors qu’il y a des urgences sociales à régler. Je ne pense pas pour moi que le débat doit se limiter autour d’une personne pour évaluer la crédibilité d’un scrutin. Certes , le bon sens et la morale ne peuvent pas logiquement accepter que Khalifa Sall et Karim Wade déjà condamnés puissent participer à la présidentielle de 2024 et qu’un potentiel candidat comme Sonko soit exclu.

Climat tendu entre le pouvoir et une frange de l’opposition
Nous sommes en régression démocratique. Depuis 3 ans, les symptômes de violences sont là et les choses s’empirent au moment où les populations dans leur écrasante majorité souffrent. On nous a agité un dialogue d’intérêts. Ce dialogue n’avait pas sa raison d’être. Car, c’était pour acter un plan du Président Macky Sall avec la complicité d’une certaine opposition. Puisqu’on est sorti du dialogue avec un Président renforcé qui choisit ses candidats à sa guise.

Car deux candidats condamnés pour détournement de deniers publics avec des amendes à payer, 138 milliards pour l’un, et un milliard 800 millions pour l’autre. Ils ont été obligés d’accepter les conditions de Macky Sall qui ne sont pas du tout orthodoxes.

Macky Sall avait bâti son mandat sur la sacralité des deniers publics à savoir le principe de la gestion sobre et vertueuse. Il y a donc contradiction entre le dialogue et les principes du Président Macky Sall qui nous avait vendu le principe de la bonne gouvernance, la patrie avant le parti. Comment des personnes condamnées pour délits de deniers publics peuvent-ils être éligibles ? Est ce qu’ils sont plus sénégalais que les citoyens condamnés pour des détournements d’un million de nos francs ou les escrocs ? Y a t-il deux types de sénégalais ?

Mode de fonctionnement de la justice
Aujourd’hui, il y a un réel problème de confiance entre la justice et les justiciables. La solution demeure sa refonte par une séparation des pouvoirs entre l’exécutif souvent politique et le judiciaire. Pour nous, les membres du Conseil constitutionnel doivent être nommés à vie. Le Code pénal doit être également revisité. Les longues détentions préventives sans jugement doivent également cesser. L’instruction doit être également limitée à un an.

Candidat à la Présidentielle de 2024 ?
Nous nous soumettrons à la volonté des Sénégalais. Ce sont eux qui ont le dernier mot. Mais il faut que cette classe politique se renouvelle. Nous sommes des amoureux de ce pays et nous ne voulons pas laisser ce pays à des amateurs et à ces politiciens classiques. Xal Yon ne saurait être un mouvement de soutien et de contribution mais plutôt d’acteur politique clé pour un changement véritable de notre pays.

Situation économique du Sénégal
La situation économique du pays est catastrophique à l’image du monde rural. Certes, la Banque mondiale et les autorités étatiques nous parlent d’augmentation du taux de croissance. Ce qui est vrai. Mais malheureusement, cette augmentation du taux de croissance ne se reflète pas sur les revenus des Sénégalais et sur le panier de la ménagère. On nous parle de hausse des salaires. Cela n’a pas de répercussions dans le vécu des sénégalais. La vie est chère.

Les prix des denrées flambent et l’inflation bat son plein. Aucune économie ne peut supporter une inflation au-delà de deux trimestres.
Les mesures jusque-là préconisées par les autorités étatiques n’ont pas fait l’effet escompté sur le marché. Les Sénégalais souffrent et arrivent difficilement à joindre les deux bouts. Ils peinent à assurer les trois repas au quotidien du fait de la conjoncture économique difficile. Et nous continuons toujours à dépendre de l’extérieur.

D’aucuns évoquent le Covid19 ou de la guerre en Ukraine. Mais c’est un faux-débat. C’est un manque de vision économique avec une négligence du monde rural. Or, aucun pays ne peut se développer sans une agriculture efficace. Ce n’est pas avec les bourses familiales qu’on va régler le problème de la pauvreté. Les bourses familiales sont un moyen de perfusion pour le peuple. On utilise les bourses familiales à des fins politiques et non pour mettre un terme à la pauvreté.

Aujourd’hui, ce dont on assiste est triste, le monde rural est délaissé et abandonné à son propre sort. Si vous prenez le secteur informel qui représente une part non-négligeable de notre économie dont des artisans pour la plupart, il est laissé en rade. Les mesures annoncées par l’État pour soutenir le secteur artisanal sont toujours à l’état de promesse. On nous agite le slogan du consommer local. Mais, ce n’est pas toujours une réalité. Allez-y dans certains services, ce sont les meubles importés qui ravissent la vedette pour le mobilier de bureau. Ces difficultés économiques ont des répercussions dans d’autres secteurs dont la santé, l’éducation.

Notre santé est un gros corps plus malade que ses patients car souffrant de tout. Ce qui fait que les Sénégalais ont des problèmes pour se soigner. Et tout ça, c’est à cause de notre économie malade qui mérite une thérapie de choc.

Et le cas de Pikine d’où vous êtes natif ?
Pikine n’a pas changé de visage. Les politiciens dont ceux du pouvoir utilisent les populations qu’à des fins électoralistes. Ils n’ont pas de vision. Ils s’appuient sur la pauvreté des populations pour promouvoir la misère par la distribution de denrées dont le riz. Pikine a aujourd’hui un sérieux problème de leadership politique. Un bon leader doit avoir une vision pour développer sa localité. Les leaders de Pikine dont ceux du pouvoir n’essayent pas de développer Pikine qui manque d’infrastructures, assainissement, inondations, chômage criard des jeunes, pauvreté des femmes. Et malgré tous ces problèmes, ces politiciens du pouvoir sont aux abonnés absents sur les préoccupations des populations de Pikine qui ne sont utilisées comme du bétail électoral.

Solutions aux problèmes économiques et sociaux
La première mesure à prendre, c’est de développer notre agriculture qui demeure notre force motrice. Comme je l’ai dit tantôt, on ne peut pas développer un pays sans avoir une souveraineté alimentaire. Et non plus, on ne peut pas avoir une sécurité alimentaire si l’on ne développe pas l’agriculture et l’élevage. Le Sénégal doit se tourner vers l’agriculture mais d’une autre manière avec un programme d’irrigation des terres arables avec la mise en place de moyens matériels suffisants, efficaces et d’intrants aux paysans sans pris partie politique et d’une maîtrise de l’eau.

Cela va nous permettre également de produire des engrais et être autonome en vue de pratiquer l’agriculture 12 mois sur 12. Cela va donc générer des emplois.
Xal Yon veut que l’on développe l’agriculture et que l’on soutienne le monde rural dont 70 % pratiquent l’agriculture. Ce qui fait que le monde rural constitue l’une de nos priorités dans notre programme.
L’autre priorité, c’est qu’il faut penser à construire des villes métropoles pour capter des investissements. Et pour ça, je pense à des Villes comme Thiés, Kédougou et Vélingara qui doivent être orientées. Cela va permettre de résoudre un déséquilibre entre les zones urbaines et les zones rurales en termes d’infrastructures, d’équipements et de services sociaux de base.

Au plan sanitaire, l’État doit d’abord penser à augmenter la capacité d’accueil des populations par la construction d’infrastructures. A ce sujet, nous pensons que chaque département doit se doter d’un hôpital de niveau 3 et chaque région d’un hôpital de niveau 5.

Dans le domaine de l’éducation, notre système doit être réformé. Une langue ne doit pas être un obstacle déterminant pour évaluer les élèves et les étudiants. Il y a certaines langues comme l’Espagnol et le Portugais qui peuvent être facultatives. Le système de formation professionnelle doit être également revisité par l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins des entreprises. Il ne faut pas que l’on forme des chômeurs. On doit promouvoir l’auto-emploi. Le secteur informel doit être également appuyé par l’encadrement, la formation, l’octroi de financements et un suivi. Dans ce sillage, l’artisanat mérite une place de choix car aujourd’hui laissé en rade.

Au plan énergétique, le pétrole ne doit pas nous détourner de l’essentiel. Le pétrole ne saurait être la seule base de notre économie. Il y a l’énergie solaire à promouvoir pour une baisse du coût de l’électricité qui va attirer les investisseurs pour développer l’industrie. Le pétrole ne doit pas nous empêcher d’investir dans d’autres ressources énergétiques. D’ailleurs, je tiens à préciser que je n’espère rien de ce pétrole car les contrats signés ont été mal ficelés.

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