« Chef de parti ou Chef d’État… »

Ousmane Sonko suscite de l’espoir, un nouvel idéal politique pour beaucoup d’africains. Sa pensée politique, qui met l’accent sur la souveraineté et le panafricanisme, est héritière de celle de Feu Mamadou Dia, de Feu Thomas Sankara, de Feu Patrice Lumumba, de Feu Cheikh Anta Diop, pour ne citer que ceux-là. Par égard pour l’Afrique et surtout pour les jeunes africains, Sonko ne doit pas simplement élargir cette liste de héros regrettés. Le mythe d’une Afrique maudite, condamnée à être privée de tout espoir naissant, n’en serait que entretenu.

Au Sénégal, le Candidat Sonko a le droit d’exister. Le Président Sall a le devoir de l’accepter, voire de le subir, au nom de la démocratie. Aucune de ses affaires judiciaires récentes, les unes aussi ridicules que les autres, ne mérite qu’il ne soit pas éligible en 2024 ou qu’il perde sa mairie de Ziguinchor.

Tout cela explique sans doute les soulèvements populaires que déclenchent à chaque fois les injustices flagrantes à son égard, comme sa séquestration actuelle à la cité Keur Gorgui. Ces injustices ne sont que des gouttes d’eau qui font déborder le vase déjà trop plein de détenus politiques, trop plein du flou entretenu par le Président Sall sur une éventuelle candidature à un mandat en plus du « second et dernier » en ses propres précédents termes, et trop plein d’injustice sociale, entres autres exaspérations du peuple, quelles que soient par ailleurs les réalisations du gouvernement en termes d’infrastructures.

Les manifestations ont fait trop de morts. On s’incline devant la mémoire de ces compatriotes qui ont juste défendu leurs idéaux. Dans une république, on devrait pouvoir manifester sans mourir. Il est extrêmement regrettable que l’on en soit arrivé à ce niveau de violence, verbale et physique de tous bords. Il faut absolument que cela cesse.

Aujourd’hui, un choix décisif et historique s’impose au Président Macky Sall : être le chef de parti qui continue à considérer les manifestants comme de simples adversaires politiques « minoritaires » à combattre ou être le chef de l’État, conscient de la gravité de l’heure et qui décide de mettre un terme à cette crise par un acte de grandeur : renoncer solennellement à ce 3ème mandat et s’engager à organiser de vraies élections présidentielles inclusives qui n’écartent aucune voix légitime qui porte les aspirations du peuple. Il s’agit de respecter enfin sa célèbre promesse : « La patrie avant le parti ». Ce serait en toute sagesse préférable à une démission forcée ou à une crise prolongée par une défiance et une animosité mutuelle. Qu’Allah nous en préserve. J’espère vivement que toutes les voix qui lui sont audibles lui tiennent ce langage.

* Par Alassane Samba
Citoyen sénégalais

2 thoughts on “« Chef de parti ou Chef d’État… »

Répondre à Mohammed Annuler la réponse