« Le Salafisme, un culte des ancêtres », Par Ahmed Khalifa Niasse

Salaf est le mot par lequel les Arabes désignent les ancêtres. Un autre du pluriel de ce mot est aslaf. Cinq siècles après la disparition du Prophète (Psl) un certain Ibn Taymiya (il est mort en 1326) était venu s’attaquer au fameux Al Ghazali et surtout à Ibn Araby qui était considéré comme un des plus grands pôles soufis.

Ce que l’on considère comme l’enseignement d’Ibn Taymiya est, en réalité, une série de fatwas. C’est-à-dire des avis jurisprudentiels sur la Charia ‘a, mais qui rompent nettement avec les pratiques de l’Islam sous le Prophète (Psl), ses successeurs et les nombreuses générations qui ont vécu l’Islam pendant 700 ans.

Pour ce faire, Ibn Taymiya s’est arrogé, plutôt a usurpé, la qualité de censeur du Coran. Parce qu’il citait un verset mais prononçait la limitation de sa portée. Par rapport à un autre verset où il fait le contraire. C’est-à-dire qu’il le déclare relâché. Mieux, il promulgue des récits de hadiths qu’il présentait dans une forme qui n’en faisait qu’une sorte de fourre-tout où il met tout ce que bon lui semble. Son recueil de fatwas est contenu dans plus de vingt tomes selon les éditions.

A sa décharge, l’homme vivait sous le régime des mamelouks et prônait une résistance vis-à-vis de l’invasion mongole. Il déclara les gouvernants de l’époque apostasiés.
Cependant, considérer toutes les générations futures (postérieures) de musulmans comme des renégats est une aberration et relève de l’inacceptable.

Ce point de vue extrémiste d’Ibn Taymiya fut adopté par Ibn Al Quaym Al Jawziya, son disciple et concitoyen de Damas.

Les écrits des deux hommes n’ont pas eu d’impact sur leurs contemporains. Ils sont restés en marge, contrairement à Al Ghazali et Ibn Araby. C’est là qu’a commencé l’antagonisme entre Salafistes et Soufis.

C’était la période des grands ouvrages :
• Le IHYA d’Al Ghazali (XIIème siècle)
• AL FOUTOUHAT (vingt tomes) d’Ibn Araby, un autre habitant de Damas.
• KHALH NAALEYNI (se déchausser) du fondateur du Mouridisme espagnol ou du Mouridisme Précurseur (an 1111), Al Méria. Et qui serait l’ancêtre de Habiboulah, référence ancestrale de Cheikh Ahmadou Bamba.

C’est donc de cette période (XIIème, XIIIème, XIVème siècles) que date la fondation du soufisme. Et la réplique salafiste, elle, date de la fin du XIIIème siècle avec Ibn Taymiya et le milieu du XIVème siècle avec Ibn Al Quaym.
Il a fallu attendre le début du XVIIIème siècle, soit 400 ans après, pour que cet enseignement soit relayé par le fameux Mohamed Abdel Wahhab qui opèrera deux prouesses.

L’une est d’adopter l’enseignement de ses deux devanciers, l’autre étant de nouer une alliance avec la famille Al Saoud. Qui, de son Najd natal a conquis le Hedjaz d’où elle chassa la famille Hachémite, descendante du Prophète (psl), (Jordanie). Contrôlant, ainsi, les deux lieux les plus sacrés de l’Islam ; c’est-à-dire la Mecque et Médine.

Ce royaume est devenu de doctrine wahhabite et salafiste par à leurs deux ancêtres vénérés cités plus haut. il a, ainsi, acquis une place centrale par rapport à l’ensemble des peuples musulmans. les pétrodollars sont venus, ensuite, compléter la triptyque de la puissance : doctrine, Etat, finances.

Cependant cette doctrine a ses faiblesses. La première est qu’au lieu de se contenter des 7000 hadiths contenus dans le recueil de l’Imam Malick (90 ans après le Prophète (psl)), le Mouwatta, elle a préféré des recueils exagérément prolixes et dont les auteurs sont de piètres arabisants. Tels qu’Al Boukhari, Mouslim et, plus particulièrement, Al Bani.

Leurs recueils contiennent entre 400000 et 600000 hadiths. Al Bani est auteur du recueil préféré du wahhabisme de 300000 hadiths et je l’ai connu personnellement. Non seulement il n’est pas contemporain du Prophète (Psl) mais cet Albanais est mort en 1999.

La première conséquence de cette puissance salafiste est qu’elle a cassé de la fraternité en Islam consacrée par le Coran qui dit : « Les musulmans sont frères ». Ainsi que les hadiths irréfutables du Prophète (Psl) : « Le tout d’un musulman est illicite par rapport à un autre musulman, c’est-à-dire son sang, son bien et son honneur ».

Mais pour eux cela ne s’applique pas lorsqu’il s’agit d’un musulman qui ne pratique pas la doctrine salafiste.
Voilà donc ce qui est enseigné par le wahhabisme qui prône : « Tuez-les tous, même s’il s’agit de votre père, votre mère, votre sœur. »

Les parricides s’arrogent les unes des journaux dans les pays arabes. Tels ces deux jumeaux de vingt ans qui ont eu à égorger leur mère qui leur a déconseillé de se joindre aux djihadistes.

Cet enseignement a vu sa mise en application par le fameux Ibn Baz, l’homme à la double cécité (physique et intellectuelle) et son successeur, Al Outeymine. J’ai d’ailleurs eu à discuter de la question liée à la Salatoul Fatiha.

Avant eux, et plus proche de chez nous, il y a eu l’Algérien Ibn Badys mort en 1940.

Mais aussi son contemporain d’origine mauritanienne, Ibn Mayaba contre les écrits duquel mon père, Mame Khalifa Niasse, a écrit en 1929 son fameux livre, La Riposte. Mettant en garde l’Humanité contre la doctrine qui vise sa dislocation en inversant les fondements de l’Islam.

Cette doctrine se base sur les formes, en commençant par nier tout droit à la femme. Lorsque Dieu dit s’adresser à la raison humaine, eux remplacent cette raison par l’organe phallique. Ils vont jusqu’à refuser à la femme le droit de conduire sa propre voiture, ne serait-ce que pour sauver la vie de son enfant malade. Et, même, d’avoir sa photo sur une pièce d’identité de peur que par ce moyen elle ne soit harcelée.

Pour les salafistes une femme se résume à l’ampleur de son port vestimentaire et son acceptation de n’être qu’un objet. Idem pour l’homme dont la taille de la barbe et la longueur relative de son habillement constituent l’essentiel de sa foi. Sans oublier la référence aux ancêtres, pour ne pas dire aux bons ancêtres (Salaf, Salih).
Cela nous rappelle nous rappelle la fameuse ibadatoul aslaf.

L’Islam sénégalais soufi est lui-même entaché d’un salafisme d’ordre ancestral. Voir mon article sur internet : le mamisme. Le plus grave c’est que l’Université Islamique de Médine, creuset du wahhabisme, édite des livres qui sont une incitation au meurtre.

Plus particulièrement contre les membres des confréries et surtout les Tidianes. Le principal reproche des Salafistes à la Tidinyah est axé sur la prétendue affirmation selon laquelle la Salatoul Fatiha récité un certain nombre de fois équivaudrait à la récitation de tout le Coran.

Pour en déduire indûment que la foi des Tidianes consiste en l’utilisation d’un texte qui serait meilleur que le Coran. Or, dans leur conception les Salafistes acceptent que la récitation de la Sourate Ikhlas récité un certain nombre de fois équivaut à tout le Coran. Cette évaluation spirituelle n’appartient pas au credo mais à des sous entendus.

Autant dire qu’il serait malhonnête de déduire de la dernière affirmation que la Sourate est meilleure que le Coran. La logique anti Salafiste est du même ordre. L’argument des Tidianes est que la Salatoul Fatiha est une simple demande adressée à Dieu pour qu’Il bénisse le Prophète Mohamed (psl). Toutefois si elle est exaucée elle prendrait alors une valeur incommensurable. Parce qu’un simple acte anodin d’un humain, s’il est exaucé, déclenche un acte divin. C’est l’acte divin qui est incommensurable. Le Coran l’est.

La prière du divin sur le Prophète (psl) est ordonnée par le Coran : « Sache que Dieu et Ses anges (bénissent) prient sur le Prophète. Oh vous croyants priez (bénissez-le) sur lui et sanctifiez-le. »

Nous ne sommes donc pas dans une hiérarchie textuelle par rapport au Coran mais dans un ordre de déduction logique en matière de rapport de cause à effet.

Les mosquées écoles qui pratiquent cet enseignement se trouvent à Dakar et non dans sa banlieue. Si l’on en croit au Commissaire Mendy, chargé de la Cellule Anti Terroriste qui nous rassure en nous disant qu’ils les surveillent sérieusement. Il va jusqu’à donner le chiffre de 30 terroristes potentiels et précise que leur apparence dans ces mosquée écoles n’est que trompeuse. Si l’on se fie à l’émission de RFI, le Débat Africain d’Alain Foccat disponible sur internet. Corroboré par l’éminent Professeur Bakary Samb de l’université Gaston Berger, Directeur de l’Institut Tombouctou.

4 thoughts on “« Le Salafisme, un culte des ancêtres », Par Ahmed Khalifa Niasse

  1. Anonyme

    par la lecture de votre article ,il s’avre clairement que vous ne connaissez pas l’islam tel dcrit par le coran et la souna oubien vous le connaissez mais vous oeuvrez berner les gens.celui qu’Allah guidera lire ,avec une bonne intention,les cits des savants comme ibn taymiyya et autres cits,saura parfaitement qui sont ces hommes et sur quel chemin ils taient.j’invite tout un chacun faire attention sur les propos de Ahmed khalifa niass car on ne nous apprend plus qui il est de par ses sorties sur le hijab sur les greffages sur le mariage temporaire etc

  2. CERISES

    CERISES SUR LE GÂTEAU

    Ibn Taymiyyah est mort en 728/1328 (et non en 1326) soit 7 siècles après la mort du prophète صلى الله عليه و سلم (et non 5) !

    Limiter l’érudition d’Ibn Taymiyyah sur l’émission de fatwas relève de la simplification et de la falsification.
    En effet, il faut comprendre le contexte d’écriture d’Ibn Taymiyyah, car un auteur islamique n’écrit pas juste pour le plaisir, il écrit pour faire profiter les gens.

    L’essentiel de ce dont on dispose de l’écriture d’Ibn Taymiyyah peut être divisé en plusieurs types:
    – Des réfutations aux auteurs hérétiques tels: minhâdju sunnah, at-tâiyya fil qadar, radd alàl Bakrî,…
    – Des règles sur un des principes de l’islam comme: « Les gouvernants », « Le communauté (jamâ’a) », « La pérséverance », « Le tawassul »,…
    – Des précis de dogmes écrits sur la demande d’un ou de plusieurs individus (appelés souvent fatwas) tels al-wasitiyyah, al hamawiyyah, at-tadmurriyyah,…
    – Des fatwas juridictionnels qu’ils faisait à la volée et que les gens ramenaient en Orient ou en Occident. Ce n’est que 6 siècles plus tard qu’Allah a guidé quelqu’un (Ibn Qassim) pour rechercher les fatwas éparpillés ça et là et à les regrouper en 37 tomes (et non une vingtaine) selon les thématiques ! Dire que ces fatwas rompent avec ce sur quoi étaient les musulmans pendant 700 années relève de l’intoxication. Car ils reposent principalement sur les avis des 4 madh-hab (hanbali surtout) sauf sur quelques dizaines de questions.
    – Il a aussi des livres écrits sous la forme classique tel KITABUL IMAAN AL AWSAT.

    De plus Ibn Taymiyyah n’a pas de recueils de Hadith particuliers, même s’il était un grand connaisseur de hadith, il se suffisait à citer les hadith à partir des ouvrages classiques (sihah, massanid, sunan, jawami’,…). On ne retient de lui que quelques dizaines de hadith qu’il a cités directement avec leurs chaînes jusqu’au messager صلى الله عليه و سلم.

    Il est certes mensonger que de prétendre qu’Ibn Taymiyyah déclarait les gouvernants apostasiés. Les tatares n’étaient pas des musulmans et étaient des envahisseurs, oppresseurs. Sinon Ibn Taymiyyah est on ne peut plus clair dans ses ouvrages contre ceux qui déclarent abusivement les gouvernants apostats. Voir minhâdju-sunnah ou qaidah fi to’atil wulàt…

    Ibn Qayyim est certes un des héritiers remarquables d’Ibn Taymiyyah ayant puisé de son énorme science, mais il faut préciser que leurs chemins se sont croisés alors qu’Ibn Qayyim était déjà un érudit – mais étourdi et égaré.

    Par ailleurs l’héritage d’Ibn Taymiyyah transcende Ibn Qayyim. En effet, de très grands savants ont profités de Ibn Taymiyyah, c’est l’exemple du grand hafidh ABUL HADJADJ AL MIZZI auteur de « tuhfatul-achràf » et de « tahzibul kamàl »; il est le professeur du grand exégète chaféite ISMAIL IBN KATHIR.

    Entre autre élèves remarquables on peut noter:
    – AZ-ZHAHABI: chafé’ite et historien de l’islam, il a écrit le plus grand livre d’histoire de l’islam dont on dispose: TAARIKHUL ISLAM AL KABIIR, mais aussi Siyar-a’lâm Nubàla, tadh-hibu tahdhib, miizaanul i’tidaal,…

    – Le juriste hanbalite MUHAMMAD IBN MUFLIH , auteur de AL AADAAB.

    – Le savantissime MUHAMMAD IBN ABDIL HAADI, auteur de As-Sârimul munkiyy,
    – Abu Hafç Ibnul Wardi, Ibn Qadhi-l Djabal, et j’en passe.

    Renier l’impact de leur ouvrage avant la constitution du Royaume saoudien est juste une fausse allégation non prouvée.
    ——————————————
    Le Mouwattâ de l’Imam Malik compte:

    – un millier de hadith mawsul
    – 600 mawquf (paroles ou actes de compagnons)
    – 600 et quelques mursàl (le suiveur du compagnon dit: ‘le prophète a dit’)
    – et 61 balaghàt (Malik dit: ‘le prophète a dit’ ou ‘un compagnon a dit’).
    Si on rassemble le tout on a moins de 2500 hadith et athar.

    Alors nul considération à ceux qui disent que le muwatta compte 7.000 (sept mille) hadiths. Et le plus impressionnant c’est que ces épilleptiques disaient il y a quelques semaines seulement que le muwatta’ était constitué de 400 hadiths.
    ——–

    Le sahih de Bukhari compte 7300 hadith environ (dont 2602 sans les répétitions) et non 600.000. De même le recueil de Mouslim compte moins de 8.000 hadiths dont 4.000 sans les répétitions.

    Les injures des morveux ne sauraient atteindre ces deux montagnes de sciences reconnus de manière consensuelle par la Communauté islam depuis 12 siècles.

    Quant à l’auteur contemporain Muhammad Nassir Dîne Al albany (et non Al Bani) il n’a pas écrit de recueils de hadith (seul un ignare ignore que l’essentiel des recueils de hadith on été compilé durant les 5 premiers sicèles de l’islam).
    Cependant Al Albany s’est distingué dans la censure du hadith avec 70 ans de travail minutieux et quelques dizaines d’ouvrages de tris des hadiths authentiques séprés de ceux jugés faibles voire apocryphes.

    Quelques arrêts sur les contre-vérités et les inepties de Ahmad Khalifa Niasse.

  3. CERISES

    … Et puis, que fait Ghazzalî et Ibn Arabi avec la salafiyyah ?
    Ces deux personnages ont vécu avec un siècle de différence, et ont été précédés et succédé par d’autres soufis.
    Et il y a comme les cieux et la terre entre ces deux hommes, ibn ^Arabî est connu comme un défenseur du panthéisme (tout est Dieu) même s’il se contredit dans ses livres, il a amené une mécréance pire que celle des juifs et des chrétiens.
    On connait tous ses vers:
    Le chien et le porc ne sont que notre divinité en réalité,
    Et Dieu n’est qu’un prêtre dans une église
    Et tout ce que tu vois de tes yeux c’est Allah,
    Quand les mages adorèrent le feu il n’ont adoré que l’Unique, Le Prédominateur »
    Il a dit aussi que:
    « L’esclave (‘abd) est le Seigneur (rabb) et Le Seigneur est l’esclave
    Alors qui est assujetti aux ordres ? »
    ou encore:
    « Je suis Celui que j’aime et Celui que j’aime est moi,
    On est deux êtres dans un même corps. »
    Cet homme a appelé à l’athéisme pur et dur, y a pas de quoi se glorifier sur lui ! »
    Et malgré tout cela Ibn Taymiyyah a sur Ibn ‘Arabî des paroles mesurées en avouant qu’il réfute lui-même le panthéisme dans certains de ses ouvrages.
    Quant à Ghazzâli – qu’Allah lui fasse miséricorde – on ne saurait mieux le décrire que son élève Ibnoul Araby (différent du panthéiste Ibn Araby): Abu Bakr Ibnoul Araby dit de lui qu’il (Ghazzalî) a plongé dans la philosophie pour réfuter les philosophes, puis n’a pas pu en sortir.
    Il s’est lancé dans la science de la rhétorique et a connu une grande erreur, comme il le dit lui même dans al mounqidh et dans « ihyâ ».
    Et il a quitté ce monde en retournant aux sciences du hadith en répudiant le kalâm, comme le rapporte Ibn Abil ‘Izz le hanafite: il est mort avec Sahihoul Bukhari sur sa poitrine.
    Et Ibn Taymiyyah a dit de belles paroles sur lui, tout en signalant sa faiblesse dans la science du hadith, qu’il a lui-même avoué.
    Au demeurant;, ghazzâli est un grand savant du Oussoul pour les chaféites et il a écrit al-moustasfâ sur cela.
    Le hafidh Irâqi a corrigé les hadiths de son Livre Al Ihyâ !

Répondre à Anonyme Annuler la réponse