Boubacar Ba: « La corruption est condamnable d’une peine de 2 à dix 10 ans de prison »

La peine infligée au policier « corrompu » n’en finit pas de créer la stupeur auprès de certains membres de la société civile comme Boubacar Ba, le président du Forum du justiciable. Joint au téléphone par la rédaction de Senego, il juge cet acte délictuel très grave, précisant que cette décision entache la lutte contre la corruption.

 » La corruption peut fragiliser l’économie d’un pays. Si aujourd’hui on se rend compte qu’il y a un policier qui a été traduit devant la justice, et jugé coupable de délit de corruption, et on voit que ce dernier s’en est sorti avec une peine de 2 mois d’emprisonnement avec sursis; nous estimons que cela ne contribue pas à la lutte contre la corruption« , dénonce t-il.

Selon Boubacar Bâ, si on veut lutter contre ce fléau qu’est la corruption, il faudra revoir l’application des formes. Se référant ainsi à l’article 159 du Code pénal qui stipule que toute personne coupable de délit de corruption, doit être condamnée à une peine comprise entre deux (2) et dix (10) ans de prison. «  C’est étonnant qu’il s’en sorte avec cette peine aussi légère« , se désole t-il

Par rapport à la co-accusée qui a été condamnée à 1 mois avec sursis , le défenseur des droits de l’Homme souligne: « Il faut reconnaître qu’elle est coupable au même titre que le policier. Mais ce que je déplore, dans ce procès, c’est la position de victime du policier. Car le jour du procès, on l’a tellement victimisé. Et la fille, était présentée comme fautive. A mon avis, ça n’encourage pas les gens à dénoncer les délits de corruption. Au contraire, on devait encourager la fille pour son geste. »

Poursuivant son argumentaire, le président du Forum du justiciable de dénoncer une certaine pression qui aurait influencé la faveur accordée au policier. Car au début du procès, il n’était représenté que par trois avocats. Et c’est par la suite que d’autres se sont constitués simultanément. «  Il y a eu une pression quelque part, ils ont voulu coûte que coûte le sauver. Et nous qui étions au Tribunal, nous nous sommes rendu compte que la tendance avait été renversée, avec le policier présenté comme la victime « , confie t-il.  Avant d’ajouter que  si on veut lutter contre ce fléau qui gangrène la société, il faudrait appliquer les lois éditées par les législateurs, dans toutes leurs rigueurs.

Pour sa part,  on ne peut pas vouloir quelque chose et son contraire. Il ne faut pas se lancer dans des histoires de distinction. Que ce soit le policier, le gendarme, le magistrat, l’avocat ou le maçon, en passant par le chauffeur, nous sommes tous pareils aux yeux de la loi. Elle s’applique à tout le monde. « Et sur ce, nous tirons la sonnette d’alarme. Car tout ce qu’on peut faire, c’est d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale, parce qu’on est pas investi d’un pouvoir décisionnaire« , conclu t-il.