Modibo DIOP : « Wade est mon père et j’avais de bonnes relations avec Karim »

Modibo Diop, ancien Directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) livre sa part de vérité sur la réduction du mandat présidentiel. Dans cet entretien accordé à L’Observateur, le Secrétaire général du « Cercle des amis de Macky » est formel : « Il n’y a aucune possibilité de réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans ». Malgré les foudres sur le Président, M. Diop reste convaincu que les performances économiques et sociales actuelles de Macky Sall vont le réélire en 2019. L’ingénieur polytechnicien a abordé également son passé judiciaire, ses relations actuelles avec Abdoulaye Wade et Karim.

Il y a polémique autour de la réduction du mandat présidentiel, de 7 à 5 ans. Vous qui êtes aujourd’hui proche du Président, ne pensez-vous pas que Macky Sall est dans l’obligation de tenir sa promesse électorale ?

Le Président Sall veut bien respecter sa parole, mais il est tenu de consulter, s’il veut changer la Constitution, l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. C’est clair. Il n’a pas le choix. Le Président a juré devant le peuple (article 37 de la Constitution) pour un premier mandat à 7 ans. Donc, il n’y a pas possibilité de réduction du premier mandat. Le Président a émis une idée, mais la Constitution ne lui permet pas tout.

Le taux de croissance de 6,4% en 2015 est aussi à l’origine de beaucoup de commentaires. Pensez-vous réellement que le Sénégal a réalisé un tel exploit en si peu de temps ?

L’Observateur

Les gens discutent beaucoup des taux. Mais il faut voir ce qu’est un taux de croissance. Quand vous calculez un PIB(produit intérieur brut) comme le PNB (produit national brut), vous faites les sommes des valeurs brutes de l’économie (agriculture, industrie, commerce, etc), vous y ajoutez la Tva, les droits de douanes et vous sortez les subventions pour avoir à peu près une idée du PIB. La croissance, c’est le développement de cette masse économique, d’année en année. On ne peut l’estimer que sur des prévisions. Ce n’est pas un débat politique, c’est un débat technique selon les écoles. Malheureusement, les politiciens l’amplifient. Quand le Président Sall, ayant les dernières données, a annoncé 6,4% de croissance en 2015, d’autres ont dit que le Fmi a annoncé 5,1%. Ils oublient que le chiffre du Fmi a été donné à la revue des bailleurs de septembre 2015. Alors que les données de septembre 2015 en économie ne sont pas les mêmes que celles de décembre 2015. C’est le taux du Président qui reste le bon.

Comment appréhendez-vous la situation économique sous Macky Sall ?

Ce n’est plus l’homme politique que je suis qui vous parle, mais plutôt l’expert. Macky Sall a fait de très bonnes performances économiques. 2015 a été une bonne année. Et cela s’explique par le taux de croissance de 6,4% annoncé par le chef de l’Etat. Il faut se féliciter de ce chiffre car il était de 2% à sa prise de pouvoir. Dans le budget de 3000 milliards FCfa qui vient d’être voté, il y a pratiquement plus de 1000 milliards d’investissements publics que Macky Sall va développer pour l’année prochaine. Quand vous enchaînez de 2015 vers 2016, l’inflation a été très basse, autour de 2%. Et les taux de consommation des crédits extérieurs et intérieurs sont assez hauts. Ils se situent entre 27 et 32%. Quand quelqu’un réalise ces exploits dans une période très courte, il faut reconnaître que les performances économiques du Président Sall sont très bonnes. Le Sénégal est sur de très bons rails économiques. Il faut souhaiter que des facteurs exogènes comme les taux d’intérêt et la pluviométrie soient encore plus intéressants pour le pays. Je crois que le Président Sall pourra avoir un taux de croissance autour de 8% à l’horizon 2017. Il pourra arriver vers une souveraineté économique qui lui permettra, à partir de son concept de sobriété budgétaire, de mieux investir dans les infrastructures, l’énergie, l’eau et l’agriculture et surtout le social.

Que dites-vous du bilan social actuel de Macky Sall ?

Autant le Président Sall a un excellent bilan économique, autant il a un très bon bilan social. Cela, si on analyse les efforts consentis sur la baisse des prix des denrées de première nécessité, la baisse des locations, etc. Il a amélioré le pouvoir d’achat des salariés en renonçant à 30 milliards FCfa de fiscalisation sur les salaires. Il y a eu 300 000 bénéficiaires des bourses sociales et plus de 2,5 millions d’enfants qui seront pris en charge médicalement. Sans compter le grand programme de Macky Sall pour Touba, Tivaouane, Ndiassane, entre autres foyers religieux du Sénégal. Ce sont des réalisations au niveau social qui sont extrêmement importantes et qui vont baliser incontestablement sa voie pour sa réélection. Les excellentes performances économiques et sociales de Macky Sall vont le réélire en 2019.

Vous êtes un des initiateurs du mouvement « Cercle des amis de Macky Sall ». Vos détracteurs pensent qu’en mettant en place ce mouvement, vous le faites uniquement dans le but de chercher des postes de recasement. Que répondez-vous ?
Ce sont des mauvaises langues qui disent ces choses-là. C’est le Président qui a demandé qu’on le soutienne. Nous sommes ses amis. Il a vécu des moments intenses d’amitié et de complicité avec beaucoup d’entre nous quand nous étions avec Me Wade. Nous avons avec Macky Sall un passé commun, c’est pourquoi il nous a demandé de le soutenir. Jusqu’à présent, nous sommes dans une position d’alerte et de veille. Quand nous sentons que certaines choses ne tournent pas comme il le faut, on l’informe pour attirer son attention. Sur certains dossiers, si les gens l’attaquent de manière inopportune, nous devons réagir pour le défendre. Ça n’a rien à voir avec ce que certains pensent du « Cercle des amis de Macky ». Nous avons la totale confiance du Président pour l’accompagner dans les échéances à venir.

Vous n’attendez rien en retour… ?

On ne dit pas qu’on n’attend rien du Président. Mais quand vous accompagnez un Président dans sa mission, il est souhaitable que vous soyez dans des positions techniques, administratives ou politiques pour mieux le servir. C’est normal et compréhensible. Pendant plus de 20 ans, nous avons eu des relations particulières avec le Président Macky Sall. Nous avons le devoir de le soutenir. Il est bon que la famille libérale qui a été autour de Me Wade et qui a été explosée, se retrouve un jour pour voir comment continuer à gérer le Sénégal.

Depuis la fin vos démêlés avec la justice, que vos proches qualifient comme une victoire de la vérité sur le mensonge, quel homme êtes-vous devenu aujourd’hui ?

Quand vous sortez de prison, vous apprenez beaucoup de choses. Vous voyez des gens qui sont reconnaissants et d’autres qui sont ingrats. Vous voyez des gens qui étaient à côté de vous parce qu’il y avait des intérêts et d’autres parce qu’ils vous aimaient. Tout ce recul vous permet de rebondir. Avec le recul, vous devenez un homme aguerri. Quand vous aspirez à diriger, il faut comprendre tous ces tempéraments. Malheureusement, quand vous êtes au pouvoir, ces choses vous échappent.

« Des personnes malintentionnées ont détruit mes relations avec Wade »

Quelles sont aujourd’hui vos relations avec le Président Abdoulaye Wade ?
Je n’ai pas des nouvelles du Président Wade depuis très longtemps. Quand je suis sorti de mes difficultés, je ne l’ai pas vu. J’entends les nouvelles de Wade à travers la presse. Wade et moi, nous n’avons pas de relations particulières. Par contre, ce que je peux dire, c’est que le Président Wade, je le considère toujours comme mon père. C’est quelqu’un qui m’aimait bien. Malheureusement, des personnes très malintentionnées ont mal joué entre nous. Elles ont détruit nos relations. Je pense qu’avec le recul, Wade a beaucoup de regrets de m’avoir perdu. Je le pense très sincèrement.

Mais est-ce que vous avez au moins des nouvelles de son fils Karim Wade, aujourd’hui en prison ? Lui avez-vous rendu visite ?
Je n’ai pas de nouvelles de Karim Wade. J’avais de bonnes relations avec Karim quand j’étais dans le gouvernement. Malheureusement, il y a eu ce qu’il y a eu entre eux et moi. Mais je continue à prier pour qu’un jour il sorte de sa situation difficile et rejoigne sa famille, surtout ses filles. Car moi, je ne suis pas rancunier, en tant que musulman. Quand vous connaissez la prison, vous ne souhaitez pas que quelqu’un y reste. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller voir Karim pour l’encourager. Je le ferai, c’est une résolution humaine, il n’y a rien de politique.

Si vous arrivez à rendre visite à Karim en prison qu’est-ce que vous lui conseillerez ?

Quand vous êtes en prison, il faut beaucoup de courage. Et si vous sortez de la prison, vous êtes enrichi par votre expérience personnelle. En prison, il faut beaucoup prier. Il faut beaucoup apprendre le Saint Coran pour le Musulman et la Bible pour le Chrétien. Moi, je suis mouride. Dans ce genre de situation, il faut beaucoup penser à notre Maître vénéré Cheikh Ahmadou Bamba, qui est passé par ces moments très délicats. Il faut être patient, car un jour les choses finiront par s’arranger. En fait, quand vous êtes au pouvoir, souvent vous avez les yeux fermés par beaucoup de choses.

Qu’est-ce que le Sénégal peut tirer du sommet de la Cop 21 (conférence sur les changements climatiques de Paris) auquel vous avez pris part ?

Des décisions importantes ont été prises au sortir de ce sommet, dont la plus importante est la mise à disposition de plus de 100 milliards dollars d’investissements pour les pays en développement. Cela, pour créer un fonds vert et développer des énergies nouvelles et renouvelables. Le Sénégal peut en tirer énormément de profits. Le Sénégal a déposé une contribution nationale qui peut être financé entièrement par ce fonds vert. C’est aux experts de continuer à travailler pour arriver à capter tous ces fonds. On peut espérer une rentrée massive d’argent au Sénégal et la création d’emplois.

2 thoughts on “Modibo DIOP : « Wade est mon père et j’avais de bonnes relations avec Karim »

  1. DOMI REW MI

    Y a pas plus mégalo que ce mec. La victoire de Macky sall( leur idole de bois) sans mérite obtient des égards sans estime. Modestie artificieuse et étudiée qui couvre un orgueil secret. Quand ces petites personnes, ces petits transhumants auront reconnu que la politique est iréelle et éphémère, ils ne l'aimeront plus, leurs esprits s'en détacheraient. SOPI

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