Birame Khoudia Lo à Macky Sall : « Vous êtes loin de comprendre le message de la jeunesse »

Nous ne cesserons de dire que nous vivons actuellement dans un monde VICA ( volatile, incertain, complexe et ambiguë). Le tort de certains gouvernants, c’est de continuer à rester dans les vieilles habitudes, dans des raisonnements obsolètes au risque de se voir surprendre à chaque fois.

Le raisonnement linéaire que notre esprit a l’habitude de vivre doit céder la place à l’attente des bouleversements causés par la nouvelle marche du monde basée sur un enchevêtrement d’interdépendance et surtout d’interconnexion. Les étudiants de 1990 ne peuvent pas avoir la même réaction que ceux d’aujourd’hui car ils ne baignent pas dans le même environnement émotionnel.

L’influence de l’internet, du numérique, qui ouvre une opportunité de comparaison immédiate des méthodes de gouvernance, de répressions policières, d’agissement politique, permet aux jeunes du monde actuel un éveil de conscience plus rapide et révolutionnaire. Ils n’ont plus la même lecture de L’influence étrangère dans nos pays pauvres.

Ils sont de plus en plus exigeants et tolèrent moins l’injustice. La jeunesse d’aujourd’hui ne peut plus avoir les mêmes réactions que celle des années 2000. Ceux qui nous gouvernent doivent comprendre que nous vivons dans un monde interconnecté qui offre des modèles de démocratie au vu et au su de tous. Les contrats signés par les autorités ne peuvent plus être dissimulés de la même manière que ce qui se passait avant. Les milliers de milliards injectés dans nos économies depuis l’avènement des indépendances n’ont pu nous empêcher de demeurer dans la pauvreté et le sous-emploi des jeunes.

Pourquoi nos autorités persiste à utiliser une combinaison de moyens coûteux pour la conservation du pouvoir sans arriver à convaincre les masses populaires par la satisfaction des besoins les plus élémentaires. Les programmes proposés par les prétendants au pouvoir que je qualifie souvent de déclaration d’intention sont bien conçus après avoir mobilisé des connaissances. Mais un grand problème se pose à l’étape du déploiement. Les contraintes liées à l’environnement et au contexte viennent perturbés la faisabilité.

Ainsi on passe du « yoonou yokouté au plan Sénégal émergent dans l’espoir de pouvoir satisfaire les masses mais le résultat, c’est des émeutes jamais vécues dans ce pays. Certains politiques rejettent la faute sur le Président en exercice mais ont-ils fait mieux que lui lorsqu’ils étaient au pouvoir. Ceux qui cherchent à exercer le pouvoir ont le devoir de mieux cerner leur programme en insistant surtout sur les cinq étapes à franchir pour atteindre les objectifs fixés. Il faut d’abord mobiliser les énergies et connaissances en utilisant tous les moyens nécessaires pour cette étape ; comprendre en insistant sur les erreurs du passé ; cela nous permettra de concevoir des solutions appropriées bien étudiées, vérifiées et certifiées ; déployer ces projets en verrouillant toutes les contraintes liées aux aléas, à l’environnement, au contexte et aux pesanteurs socio-économiques et culturels, puis évaluer pour déterminer le degré d’atteinte des objectifs et enfin transformer pour mieux gérer dans la durée.

Toutes ces étapes n’ont pas été respectées par exemple lors des financements de la DER (délégation à entreprenariat rapide). Malheureusement, dans la plupart des programmes, on ne tient pas compte de toute ces étapes du processus, ce qui entraîne l’échec total des programmes, car tous les moments sont d’égale importance. Déclarer son intention d’injecter trois cent cinquante milliards de francs cfa pour l’emploi des jeunes revient à aiguiser les appétits des habitués de détournements de deniers publics. Les mêmes méthodes ne peuvent aboutir qu’aux mêmes résultats.

Les ressources financières sont loin d’être les supports les plus importants dans la série pour réussir un programme. Les ressources humaines bien préparées, les ressources informationnelles, les ressources matérielles, les ressources technologiques, le contexte et l’environnement, les habitudes sont également autant de facteurs qui contribuent à la réussite d’un projet. La création d’une entreprise à zéro francs doit être possible si on retourne à nos valeurs qui reléguer au second plan les ressources financières. Tout dépend de l’éducation en matière d’entreprise.

Nos jeunes ont toujours supporté les dures moments de galères sans travail, mais cela ne les a pas poussé à la manifestation et à la casse ; ils ont préféré braver la mer au prix de leur vie pour servir leur famille. Mais ce qu’ils n’arrivent pas à tolérer, c’est la justice à double vitesse constatée, le coude du président de la république sur certains dossiers au détriment d’autres, l’impunité notoire pour des privilégiés qui sont proches du pouvoir, la corruption, la concussion, l’achat de conscience, la gabegie exercée sur les deniers publics etc… Les jeunes comparent le niveau de démocratie des pays du monde et se posent des questions sur les responsables de cette situation dégradante qu’ils vivent.

La réponse indexe directement les tenants du pouvoir chez qui, ils avaient placé leur confiance en votant pour eux. C’est là la source de toutes les manifestations constatées ces derniers temps. Il est important d’avoir une agilité d’esprit et une capacité supérieure d’adaptation pour juguler en mode fast tract cette situation des masses angoissées. C’est là la bonne lecture de la situation que nous vivons cher Président.

Birame Khoudia Lo (Président APE/Deggù)

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