Maurice Soudieck Dione analyse l’évolution démocratique au Sénégal lors d’une conférence

Lors d’une conférence au Centre de recherche ouest-africain (WARC), le Professeur Maurice Soudieck Dione a livré une analyse approfondie sur l’évolution démocratique du Sénégal. Cette rencontre s’est tenue à l’occasion de la dédicace d’un ouvrage dédié à l’ancien président sénégalais Abdou Diouf. Dione, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger, a mis en lumière les racines profondes de la démocratie sénégalaise, un thème de grande actualité.

Dans son discours, Dione a souligné que la démocratie ne se résumait pas à un simple processus électoral. En s’appuyant sur les concepts de polyarchie de Robert Dahl, il a insisté sur l’importance du lien organique entre démocratie et État de droit. Selon lui, « la démocratie repose sur un triptyque : élections libres, respect des droits et libertés, et gouvernement responsable », citant ainsi Larry Diamond.

Le professeur a revisité le passé, montrant que la démocratie sénégalaise n’était ni un accident ni une simple importation. En se référant à des traditions politiques précoloniales comme la charte du Mandé de 1236 ou la république Lébou de 1812, il a prouvé que ces pratiques enracinées dans la culture sénégalaise témoignent d’une gouvernance autochtone démocratique.

L’historique constitutionnel sénégalais depuis l’indépendance a été retracé par Dione, évoquant la crise institutionnelle de 1962 qui a marqué la fin de la république parlementaire, et les premières ouvertures telles que la création du poste de Premier ministre en 1970 ou l’introduction d’un multipartisme en 1976.

La figure d’Abdou Diouf, centre de la cérémonie, a été mise à l’honneur. Dione a décrit Diouf comme un pilier de la stabilité politique, ayant établi des institutions telles que l’ONEL et contribué à la mise en place d’un code électoral consensuel en 1992. Selon Dione, Diouf aurait choisi de perdre le pouvoir plutôt que de fausser les règles démocratiques.

La conférence a également mis en exergue les failles du système sénégalais, notamment l’hyper-présidentialisme et les réformes électorales variables, critiquant la réduction de la démocratie à des ambitions partisanes sous Wade et Sall.

Enfin, Maurice Soudieck Dione a plaidé pour une refondation du système démocratique axée sur un dialogue sincère, une citoyenneté active et des contre-pouvoirs efficaces. Il a affirmé que « l’histoire politique du Sénégal prouve qu’une autre démocratie est possible », une démocratie profondément ancrée dans le riche patrimoine culturel du pays.

Pour plus d’informations, cet article s’inspire des propos rapportés par notre confrère du Sud Quotidien, Lamine Diedhiou.

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