Le directeur du Centre de recherche économique appliquée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (CREA), Thierno Thioune, a partagé ses préoccupations concernant l’endogénéisation des ressources du budget 2025 proposé par le gouvernement sénégalais. Lors de son intervention à l’émission « Objection » diffusée sur la radio Sudfm, il a qualifié cette stratégie de « couteau à double tranchant ».
Thioune a mis en lumière les faiblesses de la structure économique sénégalaise, qu’il considère comme « macrocéphalique » et fortement marquée par l’informel. Bien que ce secteur soit un important pourvoyeur d’emploi, il ne génère pas suffisamment de contributions fiscales. La stratégie envisagée par le gouvernement propose d’augmenter les recettes fiscales de 3 620 milliards en 2024 à 4 795 milliards en 2025, en élargissant notamment l’assiette fiscale des ménages et en renforçant le prélèvement sur les sociétés. Cela pourrait, selon lui, être problématique si une pression fiscale excessive n’est pas maîtrisée.
Pour Thioune, il est essentiel que l’économie soit suffisamment dynamique pour pouvoir supporter une telle pression, à l’image de la France, où une forte imposition est compensée par des services publics de haute qualité. Le directeur souligne l’importance de l’éducation fiscale et de la mise en place d’une politique efficace de gestion des ressources publiques pour maximiser l’acceptation de l’impôt par les citoyens.
Il recommande également aux autorités d’explorer le potentiel fiscal caché du pays. D’après une étude de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), plus de 500 000 unités de production ont été identifiées, alors que seulement 100 000 de ces unités figurent dans les registres officiels de l’administration fiscale. Pour Thioune, il est crucial de mieux exploiter ce potentiel afin d’accroître les recettes de l’État.
En parallèle, Thierno Thioune a souligné la nécessité de réduire les dépenses publiques, en particulier celles liées à la masse salariale, qui représente une part importante du budget national. Il qualifie la situation d’« impensée » dans le contexte économique actuel du Sénégal, où beaucoup de travailleurs perçoivent un salaire en dessous du SMIC.
Ces observations, publiées par Sud Quotidien, mettent en évidence les défis auxquels le Sénégal est confronté dans sa gestion budgétaire et son besoin d’une stratégie fiscale équilibrée et efficace.