Le Congrès national africain (ANC) en Afrique du Sud se trouve à un carrefour crucial après les récentes élections du 29 mai où il n’a obtenu que 40 % des voix. Pour la première fois depuis l’indépendance en 1994, le parti doit envisager de former une coalition pour conserver le pouvoir parlementaire. Cette situation complexe met l’ANC dans l’obligation de négocier des alliances avec des partis aux idéologies variées, y compris certains de ses anciens rivaux.
Faute de majorité absolue, deux options de coalition s’offrent à l’ANC : s’associer avec l’Alliance démocratique (DA), un parti de centre-droit favorable aux affaires, ou avec des factions plus radicales telles que les Combattants pour la liberté économique (EFF) et uMkhonto weSizwe (MK). Chacun de ces acteurs apporte ses propres exigences à la table des négociations.
Donald Porusingazi, analyste politique, avertit qu’une alliance avec la DA pourrait être vue comme une trahison par les électeurs traditionnels de l’ANC et comme une consolidation des structures économiques héritées de l’apartheid. En outre, des figures comme Julius Malema, leader de l’EFF, accusent la DA de protéger les intérêts économiques de la minorité blanche en Afrique du Sud, ce que la DA dément fermement.
Une autre source probable de tension est que les politiques d’État-providence de l’ANC s’opposent aux principes de libre marché de la DA. Par ailleurs, une collaboration avec l’EFF ou le MK pourrait renforcer la base traditionnelle de l’ANC mais augmenterait les tensions autour de questions telles que l’expropriation des terres sans compensation et les réformes constitutionnelles.
Les EFF et le MK partagent des vues similaires concernant l’expropriation des terres appartenant aux Blancs et la nationalisation de secteurs clés de l’économie, en contraste avec le programme de réforme agraire plus ordonné de l’ANC. Le parti de l’ancien président Jacob Zuma, le MK, demande également de nouvelles élections à cause d’irrégularités présumées lors du récent scrutin. En revanche, Fikile Mbalula, le secrétaire général de l’ANC, a rejeté toute éventualité de remplacer le président Cyril Ramaphosa.
Les négociations sur la formation d’un gouvernement d’unité détermineront non seulement l’avenir immédiat de l’ANC mais aussi l’orientation politique et économique de l’Afrique du Sud. L’analyste Donald Porusingazi conclut que « les stratèges de l’ANC doivent viser un résultat qui permette au parti de survivre et de se battre un autre jour ».