Campagne arachidière : Des dysfonctionnements notés au sein du comité préparatoire

A peine installée parle ministre de l’Agriculture, le comité préparatoire de la campagne de commercialisation arachidière, constitué des différents acteurs de la filière, tourne à la foire d’empoigne. « Mais vous êtes incapable de vous entendre ! » a fini par concéder, exaspéré, le facilitateur dépêché par le ministre pour tenter d’harmoniser les points de vue après la rencontre entre le professeur Moussa Baldé et les membres du comité la semaine dernière

L’enjeu est pourtant d’importance, les termes de référence précisent que l’objectif de la commission est de «définir de manière inclusive des mécanismes qui permettront dorénavant, de manière systématique, une répartition optimale de la production en respectant l’ordre de priorité en matière de collecte (semences – transformation– exportation) ».

Rappelons que la mise en place de ce comité est une commande du président de la République qui en a instruit le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural lors du conseil des ministres du 29 septembre dernier. C’est ainsi que le comité a été installé par le ministre de l’Agriculture et le rapport est attendu le 30 de ce mois.

Mais, manifestement les avis divergent au sein de la commission et le ton monte est très vite entre les producteurs, les opérateurs, la Sonacos, les semenciers et les transformateurs artisanaux. « Les seuls que l’on n’entendait pas sont les industriels privés. ont-ils été desservis par l’usage quasi exclusivement de la langue Wolof lors des débats ? Manifestement, ils ne comprenaient rien à ce qui se passe et paraissent des agneaux sacrificiels qui ne savent pas ce qu’ils font là », ironise un membre du comité présent à la rencontre. Notre source de poursuivre : « Chacun défendait avec acharnement son pré carré, maison distinguait une ligne de fracture entre des « réformistes » et des « conservateurs ».

Dans le rang des premiers on trouve les producteurs, les transformateurs artisanaux réunis au sein du rasiat et les industriels privés. ils veulent la libéralisation de la commercialisation pour favoriser la concurrence à l’achat et donc le revenu des producteurs et une limitation des exportations aux seuls produits transformés : graine entière triée, huile et tourteau afin de conserver la valeur ajoutée et les emplois au Sénégal. Dans le camp d’en face on est plutôt pour le statu quo et on semble plaider pour le maintien des rentes de situation avec des arguments parfois incongrus. on a ainsi pu voir la Sonacos, censée être le premier huilier du pays, défendre l’exportation de la matière première vers l’industrie chinoise. La palme du prosaïsme revenant probablement au représentant du Copega, le syndicat des exportateurs, qui affirme pouvoir se montrer favorable à la réforme, à la condition qu’on confère à son organisation le monopole de l’exportation ! ».

Pour notre interlocuteur, le seul point de consensus a été la condamnation unanime des dirigeants du Comité national interprofessionnel de l’arachide (Cnia), accusés par les acteurs d’avoir phagocyté l’organisation, accaparé ses moyens être- fusé de rendre leurs mandats échus. Le moment le plus co- casse aura été lorsque trois administrateurs du Cnia, présents à la réunion, se sont étonnés de voir un salarié de cette organisation exposer une position de l’interprofession alors qu’ils n’ont jamais été convoqué, en six ans, à une réunion du conseil.

Aux dernières nouvelles, très loin d’être en mesure de formuler la moindre proposition consensuelle, les protagonistes n’arrivaient même pas à trouver une formulation commune pour exprimer leur désaccord ! « on souhaite bien du courage aux autorités pour démêler cet imbroglio et organiser une campagne sereine. quant à remettre de l’ordre dans cette interprofession cela s’apparente à un des travaux d’Hercule », a conclu le responsable paysan, désabusé que l’ouverture manifestée par le ministre de l’Agriculture ne soit mise à profit pour la relance de la filière arachidière.

Source : Libération

Laisser un commentaire