Le monde du football est en deuil. L’idole de tout un peuple, le génie du ballon rond s’est éteint ce mercredi 25 Novembre 2020, à l’âge de 60 ans. Victime d’un arrêt cardiaque dans sa maison de repos où il s’était installé après son opération à la tête. Tous les amoureux du football, tous les enfants qui ont joué un jour avec un ballon improvisé dans une cour d’école ou sur un terrain vague sont en deuil. Le gamin en or, le «Pibe de Oro» est finalement mort.
Le parcours d’un géant
Maradona c’était David contre Goliath, le «pauvre» Argentin d’un bidonville de Buenos Aires contre les «riches» Anglais et Allemands qu’il a terrassés, presque à lui tout seul, lors de la Coupe du Monde 1986. Il n’avait pas le physique des footballeurs d’hier et d’aujourd’hui, ne mesurait qu’un mètre 65, n’a jamais été particulièrement affuté . Et pourtant… Dès qu’il prenait le ballon, le temps s’arrêtait. Ce ballon qu’il a apprivoisé parfois tard dans la nuit.
La légende raconte qu’il jonglait parfois seul des heures durant sur le terrain vague, réglant le métronome de ses jongles au bruit du ballon sur son pied gauche. Il avait le feu sacré, le don pour enflammer les foules, d’abord à Argentinos Juniors (1976-1981), club moyen qu’il va mettre sur la carte, puis Boca Juniors (1981-1982), enflammant le chaudron de la Bombonera, par ses dribbles.
Puis ce fut le FC Barcelone avec, comme principal fait d’armes une incroyable bagarre en finale de la Coupe d’Espagne face à l’Athletic Bilbao (1982-1984, et enfin Naples. Le Napoli dont il sera le meilleur joueur, le héros, le Dieu – il finira après sa carrière par des passages à FC Séville, Newell’s Old Boys et Boca Juniors.
Déchéance napolitaine
Mais revenons à Naples. A son arrivée à l’aéroport de la ville, 70 000 supporters l’attendent comme le messie. Le Napoli n’est pas encore le grand club du sud de l’Italie qu’il est devenu mais une formation de milieu de tableau, loin de l’excellence de Juventus Turin de Michel Platini. Après une première saison moyenne, Diego Maradona va hisser le club napolitain au sommet de la Serie A, lui offrant deux Scudetto en 1987 et 1990, une Coupe d’Italie, en 1987 et une Coupe de l’UEFA, en 1989.
La main de Dieu
C’est sa meilleure période sportive, aussi bien en club qu’avec le maillot de la sélection argentine. Après une première Coupe du Monde décevante et terminée par un carton rouge suite à une réaction épidermique aux tacles italiens, le Mondial 1986 remporté face à l’Allemagne en finale sera son chef d’œuvre, avec bien sûr le fabuleux doublé face à l’Angleterre en quart de finale, d’abord «la main de Dieu», but inscrit de la main par le diabolique Diego, puis un slalom insensé dans la défense adverse. Nous étions alors juste après la guerre des Malouines et en un doublé, Maradona a redonné la fierté à tout un pays.
Bidonville de Buenos Aires
Ses origines pauvres ont contribué à façonner le « mythe Maradona » dans l’imaginaire populaire argentin, surtout parmi les plus démunis. Malgré ses frasques et sa déchéance, ses fans l’ont aimé jusqu’au bout d’un amour viscéral, inconditionnel et éternel. Icône internationale, il a inspiré le cinéaste Emir Kusturica (avec le documentaire Maradona, sorti en 2008), le chanteur altermondialiste Manu Chao (qui lui a dédié la chanson Santa Maradona, en 1994), la romancière Alicia Dujovne Ortiz (Maradona c’est moi, La Découverte, 1993) ou de nombreux groupes de rock argentins, comme Los Piojos (« les Poux »), dont l’un des tubes assure que « si Diego, demain, joue au ciel, ils mourront seulement pour pouvoir le voir jouer ».
De la gloire à la déchéance
Son histoire est de celles, finalement assez classiques, qui mènent de la gloire à la déchéance, du génial au sordide. Elle commence dans un bidonville des faubourgs de Buenos Aires, où il voit le jour le 30 octobre 1960. Dans son autobiographie, Moi, Diego (Calmann-Lévy, 2001), le joueur raconte avec émotion cette enfance sans le sou : « Je garde un souvenir heureux de mon enfance, bien que si je devais définir d’un seul mot Villa Fiorito, le quartier où je suis né et où j’ai grandi, je choisirais le mot lutte. A Villa Fiorito, quand il y avait à manger, on mangeait, sinon, on ne mangeait pas. »
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