Retraite des notaires : Les aspirants à la profession dénoncent la résistance des barons

Il ne peut exister au sein de l’Etat souverain du Sénégal, un autre Etat investi des mêmes attributs. C’est un fait simple à concevoir. Nul ne peut, ni individuellement, ni collectivement, s’attribuer le pouvoir de définir la politique de la Nation, dans quelque domaine que ce soit, en dehors des Institutions de la République.
Cela relève de l’ordre naturel des choses. Malheureusement, certaines forces corporatistes ont malgré tout tenté, avec plus ou moins de succès, de remettre en question ces principes élémentaires. En tête de peloton figure le notariat, ou plutôt ses barons, bien nommés!
Non contents de se substituer à l’Etat pour exercer le pouvoir de définir eux-mêmes les règles qui définissent leur propre statut, ils tentent maintenant de créer un « Etat au-dessus de l’Etat souverain du Sénégal ». Ils s’opposent en effet à la décision de l’institution suprême, le Président de la République, d’instaurer le principe du départ à la retraite des notaires âgés de 72 ans, préférant rester notaires à vie.
Pourtant « citoyens extérieurs à l’administration publique », ces barons ne se suffisent plus du privilège monopolistique d’exercer le « pouvoir exorbitant d’authentification des actes » qui leur est arbitrairement dévolu.
Au fur et à mesure de l’assouvissement de leur soif de pouvoir, ils se sont affranchis du contrôle de l’administration publique et veulent maintenant un pouvoir à vie. Que ne peuvent-ils pas réclamer ? Après tant de privilèges, il est normal de se sentir particulier dans la société.
Joint à cela, disons-le clairement :
Sans aucune mise en compétition lors même que les magistrats, avocats, huissiers, greffiers, administrateurs civils, douaniers, policiers, gendarmes, militaires (on ne peut énumérer ici tous les corps de métiers) passent par un concours national avant d’accéder à leur statut, le baron en question s’est contenté d’hériter de la charge de son père, de son oncle, de son cousin ou en tous cas, parent ou allié.
Ainsi privilégié à l’entrée, c’est-à-dire dispensé de concours pour devenir notaire, notre bonhomme exige autant d’égards à la sortie, c’est à dire rester notaire jusqu’à la mort.
Contrairement à tous ceux qui, selon la formule consacrée « font valoir leur droit à une pension de retraite » en principe à l’âge de 60 ans, notre « Seigneur titulaire de charge » réclame le droit d’un exercice à vie de sa « profession ». Que ne faudrait-il pas encore une fois pour le satisfaire ?
Privilégié par la dispense de concours d’entrée, privilégié par le monopole de l’activité notariale, privilégié à la sortie par une éventuelle retraite, pourtant si tardive, mais dont il s’offusque ! C’est à se prosterner devant tant d’égards de la République à son endroit.
Comme toute chose a une fin, les autorités ont fini de comprendre que certains privilèges sont incompatibles avec la forme Républicaine de l’Etat. Exerçant les pouvoirs qui ne sont dévolus quà lui de définir la politique de la nation y compris dans le notariat, le Président de la République, son Excellence Macky SALL, a décidé d’instaurer le principe de la Retraite à 72 ans pour les notaires.
Le projet de décret qui en est l’instrument sonne aujourd’hui comme le rétablissement du principe constitutionnel d’égalité des citoyens devant l’exercice des charges publiques. Tous le comprennent et l’acceptent sauf les barons du notariat. Les mêmes qui feignant défendre des principes, se retrouvent curieusement très proches de 72 ans.
On ne peut quen être profondément gêné. Comment peuvent-ils, compte tenu de leur « expérience », ignorer ce que tous savent ?
Une vision « grand-pèrienne » de l’actualité du notariat déforme leur appréciation de la vraie réalité des choses. Le monde a évolué et une démarche rhumatismale ne permet pas à notre « souverain » de suivre son mouvement. Tous partagent la même vision sur la nécessité, par-delà le notariat, d’ouvrir l’ensemble des professions aux jeunes qui le méritent. Mais la cataracte n’est pas la seule cause de cécité, l’égoïsme lest tout autant.
Quoi qu’il en soit, les conséquences de leur opposition à tout changement ne peuvent être que fâcheuses.
Les aspirants à la profession de notaires qui attendent ce décret depuis 07 ans ne peuvent rester indifférents. On ne peut sacrifier l’avenir de toute cette jeunesse sur l’autel d’intérêts spécieux, surannés, anachroniques et hautement malicieux. Cette vision dont les chantres ont déjà « tout fait avec tout le monde », sort des exigences de notre temps, celui de la République.
Le Président de la République, son Excellence Macky SALL, ne peut manquer d’être respectueusement invité à mettre un terme à ce despotisme.

Communiqué du Collectif des notaires de la première promotion du concours d’aptitude à la profession

 

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