Suite aux propos du jeune magistrat Deme qui a défrayé la chronique d’hier par sa lettre démission adressée à Macky Sall. D’autres sous le couvert de l’anonymat ont remué la plaie en s’alignant sur cette position contestataire.
Selon nos confrères de Pressafrik beaucoup de magistrats s’indignent de la manipulation du pouvoir exécutif qu’ils ne supportent plus.
Quatre magistrats de haut rang rencontrés bourdonnent de colère. Ils tempêtent contre le président de l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) mais aussi contre le Garde des sceaux pour ses «attitudes inquisitrices». Ils sont unanimes à reconnaître en substance que «dans un pays, si la Justice n’est pas libre, tout le monde est en danger»
«Quand Sakho était président, ils ont voulu nommer le procureur de Dakar par une consultation à domicile mais il a refusé et a tenu à préciser qu’il y a des mesures qui ne peuvent pas passer par des consultations à domicile qui ne garantissent aucune transparence», témoigne notre premier interlocuteur. Pour lui, «il n’a aucun débat dans cette procédure. On donne une feuille à chaque membre qui met «avis favorable ou défavorable».
Le Ministre est décrié, houspillé. Les magistrats dénoncent «ses instrumentalisations, ses attitudes inquisitrices» dans certains dossiers jugés sensibles.
«Dans notre travail, on n’a pas le droit de voir si le président ou un ministre est content ou pas ce n’est pas notre problème. Dans un pays si la Justice n’est pas libre, tout le monde est en danger», a déclaré un magistrat même d’une des plus grandes institutions de la Justice. Il a convoqué Montesquieu qui dit que «tout homme qui a du pouvoir est tenté d’en abuser jusqu’à ce qu’il rencontre un autre pouvoir». L’exécutif est, selon lui, tenté d’abuser de son pouvoir si la Justice ne le freine pas, il ira jusqu’au bout, rapporte la même source.
Ce qui gène le plus les magistrats, c’est la perception d’une «Justice aux ordres du pouvoir, d’une Justice manipulée». L’un de nos interlocuteurs de regretter le fait que «la population met tout le monde dans le même sac or, ils sont nombreux à tenir à sauvegarder leur dignité, à dire le droit, strictement le droit sans parti-pris».