Après l’annonce de mesures contre les pays ayant voté en faveur de la résolution de l’ONU qui condamne les colonies en territoires occupés, le Premier ministre israélien semble vouloir jouer l’apaisement : il vient de demander le report de l’examen de nouvelles constructions à Jérusalem-Est.
Deux pas en avant, un pas en arrière : le Premier ministre israélien semble hésiter sur la riposte à apporter après le vote, vendredi 23 décembre, d’une résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) appelant Israël à “cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est”.
Les premières réactions du gouvernement Nétanyahou ont été virulentes : des mesures de rétorsion ont immédiatement été prises à l’encontre de l’Autorité palestinienne, en même temps qu’était annoncée une intensification de la colonisation. Le Premier ministre a également fait savoir qu’il pénaliserait les pays ayant voté en faveur de la résolution.
Gesticulations
Peu surprise par le vote de l’ONU, la majeure partie de la presse israélienne estimait que les réactions de Benyamin Nétanyahou n’étaient que des gesticulations, dont la plupart resteraient sans lendemain, ce que semblent démontrer les derniers développements : alors qu’elles devaient se tenir mercredi 28 décembre, les discussions sur la construction de 618 logements à Jérusalem-Est ont été ajournées à la demande du chef du gouvernement. Un report interprété comme un signe que Nétanyahou cherche à faire baisser la tension avec les États-Unis avant le discours du secrétaire d’État américain, John Kerry, prévu dans la journée.
Une réaction “hystérique”
Dès lundi matin, l’éditorialiste Zvi Barel rappelait dans le quotidien de centre gauche Ha’Aretz que “la résolution 2334 n’est pas arrivée tel un coup de tonnerre dans un ciel serein. Mais que penser de la réaction hystérique de Nétanyahou ? Un pays qui déclare la guerre ne peut être qu’une superpuissance ou une farce. Israël n’est pas une superpuissance, à moins qu’il déclare la guerre à l’Antarctique.”
Dans Yediot Aharonot, l’universitaire Eytan Gilboa se voulait plus rassurant, relativisant la portée de la résolution tout en dressant la liste des mesures “modérées” dont dispose Israël pour riposter. “La seule nouveauté, c’est qu’Obama a rompu avec la tradition de transition douce entre administrations sortante et élue [Barack Obama quittera ses fonctions le 20 janvier pour faire place au président élu Donald Trump]”, écrit-il dans le quotidien de centre droit. Et Eytan Gilboa de poursuivre :
De quels instruments dispose Israël ? De beaucoup, à vrai dire : rupture de toute forme de coopération avec l’Autorité palestinienne, intensification de la construction dans les implantations et annexion de la zone C [partie de la Cisjordanie sous contrôle administratif et militaire israélien]. Pourtant, Israël serait bien inspiré de renoncer à ces initiatives, qui risquent de fragiliser son alliance de facto avec les États arabes modérés et ceux du Golfe. Il faut en revenir à la doctrine [du ministre de la Défense Avigdor] Lieberman : consolider les blocs de colonies, renoncer à toute construction en dehors de ces blocs et laisser ainsi la porte ouverte à un État palestinien.”
Dans Maariv, le quotidien de la droite non nationaliste, une tribune de Shlomo Shamir mettait également en garde contre toute mesure inconsidérée :
Les réactions diplomatiques israéliennes sont pathétiques, car elles s’opposent à ce qui est bel et bien un consensus international : les colonies sont illégales. En outre, Nétanyahou s’accroche à une dangereuse utopie selon laquelle Trump va renverser la table. Or Trump ne sera pas en état d’annuler la résolution 2334 et, même si le Congrès est républicain, il va devoir tenir compte de ce dernier. Or il n’est pas certain que les élus fédéraux aient envie de risquer une rupture avec les États arabes alliés. À l’heure de vérité, Netanyahou découvrira que Trump est un roseau cassé.”
Après l’annonce du report de l’examen des nouvelles constructions à Jérusalem-Est, un article de Ha’Aretz relevait que, “de sources anonymes, on reconnaît [dans l’entourage du gouvernement] qu’Israël n’est pour l’instant pas en mesure de déclencher une crise avec les États-Unis”.