On serait tenté de penser que 2016 est la pire année que nous ayons traversé. Ce n’est pas le cas, tempère le New Yorker. Mais l’année qui se termine marque néanmoins un tournant dans l’époque que nous vivons.
Chaque année qui se referme semble toujours avoir été particulièrement éprouvante. “Notre mémoire collective à court terme et certains biais cognitifs impliquent que les mauvais souvenirs remontent plus facilement à la surface que les bons”, explique Jia Tolentino, dans le New Yorker. Résultat : chaque année qui se termine apparaît comme “la pire année”.
Zika, Orlando, Bruxelles…
Tout en relativisant cette perception, la contributrice de l’hebdomadaire américain note que 2016 semble tout de même bénéficier d’une mention spéciale.
« Il y a eu Zika. Il y a eu des attaques terroristes très régulières, les explosions à Bruxelles et l’attentat à Nice. En juin, 49 personnes ont été tuées dans une boîte de nuit gay à Orlando ; en juillet, un attentat suicide a fait 292 morts à Bagdad. David Bowie est mort, de même que Prince, Mohammed Ali et Leonard Cohen.”
L’énumération se poursuit sur l’évocation de “L’élection”, celle de Donald Trump, “le signe annonciateur d’une grande instabilité mondiale”.
La pire année ? Peut-être 1914, 1943 ou 1918…
Pourtant, l’auteure de ce billet maintient que tous ces événements ne font pas de 2016 “la pire année de tous les temps”. S’il fallait vraiment désigner une “pire année”, ce serait peut-être 1914, avec le début de la Première Guerre mondiale. Ou 1918 et le début de la grippe espagnole. Ou encore 1943, année où l’Holocauste a fait le plus de morts.
Pour Jia Tolentino, c’est sans doute Internet et les réseaux sociaux qui sont responsables de ce sentiment de “pire année de tous les temps”.
“Tout [ce qui arrive par notre écran de téléphone] semble bien trop intime, trop agressif ; les interfaces qui visaient à nous connecter joyeusement au monde ont en fait produit de la peur et du malaise […]. Il y aura toujours quelqu’un pour tweeter que ‘2016 est la pire année de tous les temps’, et quelqu’un d’autre pour faire de même en 2017.”
Conclusion de Jia Tolentino : à défaut d’être “la pire année de tous les temps, 2016 est l’année où j’ai commencé à me dire qu’Internet ne ferait qu’alimenter le sentiment d’impuissance qui émerge quand on a l’impression de ne plus pouvoir influer sur le cours des événements, mais que les événements, eux, ont une influence sur nous”.
Avec courrierinternational.com