Une adolescente de 13 ans a été contrainte d’épouser son violeur en application d’une loi de 1958. Cela se passe en 2016, en Tunisie, pays signataire de la charte onusienne de protection de l’enfance. L’avocat Ghazi Mrabet revient sur le fossé qui existe entre les lois et la société, lit-on dans Jeune Afrique.
» sa décharge, le juge n’a fait qu’appliquer la loi ou plutôt l’article 227 bis ajouté en 1958, modifié en 1969 et 1989 qui prévoit qu’un violeur épouse sa victime pour réparer son crime. Ce texte est inique et résonne d’autant plus qu’une campagne contre la violence faite aux femmes bat son plein. Dans le cas d’espèce, la victime étant mineure, l’autorisation parentale était nécessaire ; cela a également provoqué l’indignation ainsi que des questionnements sur l’avenir de cette gamine. Le juge aurait pu ne pas appliquer le 227 bis dans la mesure où une enfant de 13 ans n’a pas de discernement et que les services de protection de l’enfance semblent avoir été absents malgré la demande du parquet », a révélé Me Ghazi.
« La mobilisation de la société civile a été remarquable et les médias ont joué leur rôle. Il ne faut pas oublier qu’il y a quelques semaines, un sujet similaire avait été abordé dans un talk show et avait fait grand bruit. L’animateur avait scandalisé l’opinion en lançant à la jeune femme violée qu’elle n’avait qu’à épouser son violeur pour effacer la souillure et suscité une telle polémique que l’émission a été suspendue pour trois mois », dit l’avocat qui ajoute que cette affaire aurait pu être passée sous silence.