« Qu’ils essayent de tricher et ils vont voir ! » Devant l’école Batavea, à Libreville, un petit groupe d’électeurs de Jean Ping, le principal opposant gabonais à la présidentielle de samedi, s’est auto-proclamé « comité de vigilance », selon jeune Afrique.
Dans le quartier voisin de Lalala, « il y a un problème au bureau numéro 5 », avertit une dame dans la cour de l’école primaire, bondée de monde. Au premier étage, un attroupement s’est formé dans une salle de classe sous le regard d’une dizaine de policiers en uniforme. Le ton monte, et chacun veut donner son avis. Un électeur, Christian Ename, hurle à la « tentative de fraude » car les bulletins censés être authentifiés par le président du bureau et ses assesseurs ont simplement été cochés, et non signés.
Fervent partisan de Jean Ping, il accuse le représentant de l’opposition dans le bureau d’être « un cheval de Troie », infiltré par le pouvoir pour « laisser passer la triche ». L’incident a interrompu le vote pendant près d’une demi-heure et Georgette, elle aussi membre du bureau, ne cache pas son agacement: « Il fait du bruit pour rien. Mais à cause des gens comme lui, après on va dire qu’il y a des fraudes partout! »
Simples rumeurs ou fraudes avérées? Les anti-Bongo ne cessent de poster depuis l’ouverture des bureaux de vote des messages alarmistes sur les réseaux sociaux : sur la page Facebook, « Les Gabonais de la Honte » par exemple, circule la vidéo d’un soi-disant « bureau-pirate » installé dans les locaux du Parti démocratique gabonais au pouvoir et qui aurait été démantelé par la population. Contacté par l’AFP, Alain-Claude Bilie-By-Nze, porte-parole du candidat Ali Bongo, accuse en retour des opposants d’avoir « empêché » certains électeurs de voter à Awendjé dans le 4e arrondissement.
Des accusations globalement difficiles à vérifier, mais qui témoignent de la défiance d’une partie du corps électoral vis-à-vis de l’organisation du scrutin.