Culture: le sénégalais Soly Cissé, radiologue dans l’âme

Donné pour mort, opéré en urgence en France, le plasticien sénégalais a profité d’une longue période d’hospitalisation pour réaliser plus d’une cinquantaine d’œuvres traversées d’un intense souffle vital, peut-on lire sur Jeune afrique.

L’artiste, lui, arrive en fauteuil roulant. Infecté par quatre bactéries particulièrement résistantes, il a été évacué du Sénégal alors que son pronostic vital était engagé. Les médecins n’ont pas pu sauver sa jambe gauche, amputée au-dessus du genou.

« On me donnait quatre jours à vivre, raconte-t-il sans affect. Finalement, la période a été très nourrissante, redoublant mon énergie, me donnant une force que j’ignorais. Toutes ces œuvres ont été créées sur une période de neuf mois, dans des moments très difficiles. Peindre m’a beaucoup aidé, cela faisait partie de mes remèdes, c’était un besoin vital. »

Soutenu par le personnel médical, Cissé a pu travailler dans le cadre même de l’hôpital, découpant, collant, colorant à la craie grasse, illustrant dans d’épais carnets noirs sa propre résurrection. « Avec cette maladie, j’ai appris la fragilité de l’homme », commente sobrement celui qui a dû laisser ses deux femmes et ses cinq enfants au Sénégal – sans doute jusqu’au mois de septembre prochain.

Bâti comme un athlète, le rire prompt et la parole enjouée, il fanfaronne tout de même un peu. La prothèse complexe de cinq kilos qu’il va devoir adopter ne sera pour lui qu’une formalité, les médecins s’extasient déjà sur son énergie. Même si ses œuvres disent aussi des angoisses, des interrogations, il est convaincant. Pour cette fois au moins, Éros vaincra Thanatos.

« Le noir, c’est moi, s’exclame-t-il en riant. J’ai commencé par des clichés radiographiques que je grattais avec des lames de rasoir et sur lesquels je peignais avec de la peinture industrielle. Depuis, je ne me suis jamais défait du noir, mais je ne vais pas aller l’acheter comme Anish Kapoor ! »

Étudiant aux Beaux-Arts de Dakar entre 1992 et 1996, il prépare dans sa chambre, sans en parler à ses camarades, sa première expo de peinture. « C’était en 1997, au Centre culturel français, et ça a choqué beaucoup de gens au Sénégal. Toutes les œuvres ont été vendues avant le vernissage. » Du surf, il a sans doute un peu gardé le côté frime… Dans la foulée, une bourse lui permet de poursuivre sa formation en Belgique, à l’ERG (École de recherche graphique) de Bruxelles, en 1996-1997. Après ? « Ça tourne, ça tourne », dit-il pour résumer un succès qui l’emmène à Ouagadougou (Burkina) pour un atelier de formation, puis à Sao Paulo, à Dakar et à La Havane pour les biennales de 1998 et de 2000. Il sera aussi du grand raout Africa Remix, au Centre Pompidou, en 2005.

Il confie avoir toujours vécu de sa peinture – ses œuvres se vendent aujourd’hui entre 2 000 et 18 000 euros – tout en restant installé à Dakar, malgré les difficultés qui en résultent pour rester connecté à un monde de l’art encore dominé par l’Occident.

2 thoughts on “Culture: le sénégalais Soly Cissé, radiologue dans l’âme

  1. oumou fall

    Sant yalla bou weer tout mermoz est fier de toi . je peux dire jetais la 1st person qui restait a des cotes pour regarder. tu mavais offrir Un Tableau appelant ( la case Bleu ) que le tout puissant te donne la force.

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