Bahreïn: La répression continue avec un dignitaire chiite déchu de sa nationalité

Les autorités bahreïnies ont déchu le principal dignitaire chiite du pays de sa nationalité. Ce qui risque de déclencher une nouvelle spirale de violence.

“Déchéance de nationalité pour Issa Qassem”, titre en une le journal pro-gouvernemental Akhbar Al-Khaleej. “Il est coupable d’avoir fondé des organisations affiliées à des référents politico-religieux étrangers.” En clair, il est accusé d’inféodation à l’Iran chiite voisin.

Issa Qassem est le principal dignitaire chiite du pays. A ce titre, il jouit d’un énorme prestige auprès d’une grande partie de la population, à majorité chiite mais gouvernée par une monarchie sunnite.

Aussi les réactions ne se sont pas fait attendre. “Toujours plus de manifestants affluent devant la maison d’Issa Qassem, dans le village de Diraz, pour un sit-in ouvert à l’appel d’organisations politiques et religieuses, rapporte le site d’opposition Miraat Al-Bahrain. Des milliers de manifestants expriment leur colère contre le roi et le Premier ministre pour s’en être pris au leader.”

Le retrait de la nationalité d’Issa Qassem s’inscrit dans une série de mesures répressives. Le 14 juin, la justice a décrété la dissolution de la principale formation d’opposition, le Wifaq, rappelle le journal bahreïni Al-Wasat. La veille, le défenseur des droits de l’homme Nabil Rajab a été arrêté. Quelques jours plus tard, le 18 juin, un autre éminent défenseur des droits de l’homme, Abdenabi Al-Ekri, a été empêché d’assister à la session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, où il était pourtant attendu.

La situation est suivie de près par les Etats voisins. En effet, le Guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, n’a pas tardé à condamner la mesure, rapporte le site pro-iranien Al-Ahednews.

Al-Alam, autre titre pro-iranien, accuse quant à lui l’Arabie Saoudite d’être l’instigatrice de cette mesure : “Les Saoudiens veulent mettre Bahreïn à feu et à sang, titre le site. Depuis l’entrée des troupes saoudiennes à Bahreïn [pour réprimer les manifestations du Printemps arabe en 2011], les Saoudiens veillent à empêcher que la révolte s’exprime par des moyens pacifiques. De fait, ce sont les forces d’opposition non violente qui sont ainsi réduites au silence.”

De son côté, le site saoudien Al-Tagreer rapporte que “les autorités bahreïnies ont le soutien des autres pétromonarchies du Golfe”, et plus spécifiquement de l’Arabie Saoudite, où “le Comité des grands oulémas [représentants de l’islam officiel du pays] a officiellement salué ces mesures judiciaires” contre des organisations et personnalités chiites.

Toutefois, le site se montre inquiet face à l’“escalade” politique en cours. “Les canaux politiques étant désormais bouchés, une partie de la jeunesse chiite ne risque-t-elle pas recourir à la violence ?”

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