Le Conseil a servi de subterfuge pour se soustraire à un engagement politique, moral. Les lobbys ont eu raison d’une semblant de volonté, qui portant, aurait été un signal fort d’un homme décomplexé et peu soucieux des fastes sous les lambris dorés des palais.
Arrivé à la station présidentielle, l’on entre par la force des choses dans l’histoire et les générations futures apprendront par forcément les différentes personnalités qui sont arrivées à ce niveau fort élevé surtout par la volonté de leurs concitoyens. Mais l’histoire retiendra deux catégories parmi les illustres fils de la nation qui ont eu la chance de présider aux destinées de leur peuple. C’est ainsi que tout président devra travailler à être honorablement connu s’il ne souhaite pas devenir tristement célèbre.
Le Président vient ainsi de rater l’occasion phare de rentrer au panthéon de la gloire. Il n’aura pas su profiter de cette opportunité rare de s’insérer dans le cercle très enviable de ceux qui resteront honorablement connus.
Oui, il a raté son rendez-vous avec son peuple, en ayant manqué à sa promesse et a ainsi laissé échappé un wagon, pour marquer de son empreinte l’histoire.
Les péripéties des derniers mois laissaient présager de la tournure des choses. La promesse du chef était devenue bien pesante et il fallait trouver les voies et moyens pour se décharger de ce lourd poids tout en évitant de faire comprendre au peuple que le premier d’entre eux s’est dédit. C’est ainsi que certains spécialistes dont l’honnêteté intellectuelle est bien douteuse se sont chargés de jouer aux juristes tailleurs afin de rendre la pilule moins amère.
Ainsi, le Président serait bien triste de devoir surseoir à un engagement auquel il tenait tant, car la loi contraignante l’y oblige, lui, le gardien de la constitution. C’est ainsi que le cœur lourd, il va devoir renoncer à sa promesse. Voilà ce qui nous est vendu par des propagandistes et autres “esprits brillants“, pour faire passer ce que d’aucuns appelleront forfaiture.
Le Président a dans son speech insisté sur le mot “décision“ et a rappelé que les décisions du conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucuns recours. L’article 51 de la charte fondamentale cité très souvent pour expliquer la saisine du Conseil constitutionnel, précise tout aussi qu’il y a lieu d’en faire de même avec le Président de l’Assemblée nationale. A quoi bon saisir ce dernier si seul l’avis du conseil compte?
Je suis un profane en droit, mais il est aisé de comprendre qu’un texte se lit dans son esprit. Et il sied à mon humble avis de croire que l’avis dudit conseil ne pourrait être que consultatif. Aussi, en parcourant la décision du conseil, il revient souvent ”pourrait être“. Ceci me semble avoir son importance, car significatif du caractère suggestif dudit avis. Bref, je ne vais pas trop m’épancher sur des points de droit que je ne maîtrise aucunement même si je suis dubitatif sur la notion d’avis conforme sur lequel, on s’est appesanti pour faire une reculade qui ne dit pas son nom.
C’est vrai que ce débat n’est pas celui qui importe le plus aux yeux des sénégalais qui sont davantage mus par la satisfaction des leurs besoins élémentaires que par la durée du mandat du Président. Mais il est important de s’assurer de la faisabilité de toute promesse avant de se mettre devant son peuple pour en faire. Il doit être révolu le temps où les promesses n’engageaient que ceux qui y croient, fussent-elles des promesses de campagne!
Toutefois, il y a une crainte qui demeure, car chat échaudé, craint l’eau froide ! Il y a eu un précédent dangereux après la modification de la constitution en 2001, qui a permis au Président Wade de s’être présenté à un troisième mandant puisque le Conseil avait en son temps jugé qu’il a été élu sur la base du nouveau texte et que c’est à partir de 2007 qu’il fallait commencer à décompter le nombre de mandats. Qu’en sera-t-il pour celui de l’actuel locataire du palais si jamais après un second mandat, il décidait à nouveau de briguer le suffrage des sénégalais ?
Alioune Badara BEYE
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