« Une opposition vertueuse », Par Alioune Ndao

L’histoire politique du Sénégal démontre que les formes d’opposition au pouvoir en place, ont toujours revêtu en grande partie, un caractère crypto-personnel qui pouvait tirer ces origines de n’importe prétexte. Avant les indépendances, ce sont des courants de pensée forgés par l’Ecole Française qui s’opposaient entre eux, tous les politiques de cette époque avaient un dénominateur commun, ils s’étaient abreuvés à la culture Française à travers son école et la formation reçue. Ils sortaient tous du même moule, même si, de par leurs origines et leurs cultures propres, ils percevaient et concevaient différemment leurs rôles dans ce qu’ils pensaient apporter politiquement à leur pays.

Tous les partis politiques de cette époque étaient plus ou moins les prolongements des partis de la métropole. Quand le monde fut divisé en deux blocs après la seconde guerre mondiale, il y eut des opposants venus du bloc de l’Est, mais, toujours intellectuellement moulés par l’Ecole Française. Ils s’étaient juste ouverts à d’autres cultures, d’autres connaissances. Mais essentiellement, les tenants du pouvoir étaient ceux qui venaient de la métropole, de Blaise Diagne à Ngalandou Diouf en passant par Lamine Gueye et Senghor, premier président de la République du Sénégal jusqu’à Macky SALL .

Le Sénégal est un pays trop tôt très politisé, mais très mal politisé. Les alliances politiques se faisaient autour de personnes ou de communautés de personnes liées par la famille ou le terroir et notre système politique d’aujourd’hui a hérité de toutes ces tares, qui font que nos hommes politiques aujourd’hui n’ont aucune honte ou scrupules à promettre des choses que la simple logique interdirait de faire (je me rappelle de cette promesse d’un candidat à l’élection présidentielle de 2012 d’une centrale nucléaire pour la ville de Oussouye). Ils savent, nos hommes politiques, que les électeurs ne les attendent pas au résultat.

C’est connu, « les Sénégalais n’élisent pas leurs hommes politiques mais les dégomment ». La seule préoccupation des électeurs au Sénégal, est de faire partir, pas de remplacer, surtout quand il s’agit du Président de la République. Celui- là, comme Abdou Diouf : « daaf fi yaag torop » (il a trop duré au pouvoir). Abdoulaye Wade : « daa fa yabaaté » (il se fiche de nous), quant à Macky Sall, « deuk bi da faa Macky » (la vie est trop dure), il ne perd rien pour attendre….

Alors que font les politiciens professionnels qui s’opposent ? Ils dénoncent, dénoncent et n’arrêtent pas de dénoncer… mais ils dénoncent quoi au fait ? Mais… ce dont aiment parler et gloser les grand- places et les auditeurs des mauvaises émissions qui pullulent dans nos radios et télés et qui font le buzz (comme disent les animateurs de ces dangereux navets), de futilités absolues qui ne développeront jamais ce pays, de ragots malveillants pour désarçonner le Président ou son parti ou même sa famille. Le camp d’en face initie un projet, on croise les bras et on ouvre sa gueule pour décourager ceux qui serait tenter de d’y croire et prédire le pire.

C’est justement cette posture de notre opposition qui est à dénoncer.

L’exemple le plus patent, est quand le Président de la République a émis le vœu de faire en sorte que le Sénégal n’importe plus de riz en 2017. Hop ! Le coup d’envoi des invectives et de la sape est donné. Des amis d’hier, opposants d’aujourd’hui, qui n’ont rien à proposer ou même, s’ils en avaient, ne sont pas à des leviers de commandement, envahissent la presse et en bons Sénégalais experts en tout, dénoncent et pire argumentent. Y en a qui les écoutent et les commentent, on est au pays de la dénonciation, y a foule autour des dénonciateurs.

Mais que diantre voudrait- on dans ce pays ? Celui à qui on a confié la prise de décisions veut une chose qui pourrait changer nos misérables vies, que devrait-on faire ? Mais le pousser à le faire, l’obliger même, en quoi faisant ? A prendre nos hilaires et nos dabas et à se mettre à la disposition de cette initiative, à mobiliser tous les acteurs de ce secteur dans ce sens et les adeptes du thiébou dieunne pour réussir ce pari présidentiel, c’est ça la posture normale, républicaine et positive, mais parce qu’on est de l’opposition, on s’oppose. Point barre. Ils sont aux affaires ! « Kharaal niou yaakh senn affaire » .Quelle mauvaise attitude !

Messieurs de l’opposition, changez de posture, si tant est que vous en savez plus que le pouvoir en place et les Sénégalais, PROPOSEZ ! Si le gouvernement projette, critiquez scientifiquement et publiquement le projet pour l’améliorer. Créez l’alternative au lieu d’œuvrer uniquement pour l’alternance, en définitive, soyez des PROPOSANTS, c’est de cela dont a besoin ce pays, pas de « kenn di gaas, niett di soul ».

Cessez de vous comporter en ennemis du pouvoir.

Vous êtes des ennemis d’hier, des amis d’aujourd’hui et de futurs ennemis, demain. Rien que pour ça, vous devez travailler la main dans la main. Vous êtes Vous dans Vous. Pour savoir tout ça, nous regardons à travers la baie vitrée des restaurants huppés et chers, et surprise, nous apercevons des messieurs qui s’invectivaient, il y a une heure sur un plateau de télé, discuter du menu à prendre et du meilleur vin qui le ferait descendre, à côté, sont assises, de belles lianes, du genre « Putains de la République ».

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